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L’opération du Djebel Zakri

28 février 2008

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Au-delà de toutes polémiques, L'auteur a voulu retracer dans son véritable contexte l’histoire de l’opération du Djebel Zakri le 29/08/1956.
Jean Claude Balisson membre du commando Jaubert au moment des événements a été témoin de ces combats.

Il a contacté plusieurs familles des tués qui  lui ont fait parvenir : des lettres, des documents de la marine, des photos et également des rescapés qui lui ont raconté  ce qu’ils ont vécu.


EV_Amourette_2 masini_5 Grimaux_1touzet_2 masini_4_modifier

 

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26 février 2008

Gardair - Amourette

 

Le « Nivelle » du Djebel Zakri

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Le vrai tombeau des morts est dans le cœur des vivants

Parmi ces cercueils figurent ceux de :

 

- GARDAIR Didier – EV 1 – 3/DBFM

- ALIBERT Jacques – EV 2 (R) – 3/DBFM

- AMOURETTE Jean-Pierre – EV2 (R) – 2/DBFM

- DARASSE Henri- Premier Maître fusilier commando – commando Jaubert

- MARIO Marcel- Maître canonnier (R)

- MASINI Jean – Second Maître canonnier (R)

- INIZAN François – Second Maître canonnier (R) – 2/ DBFM

           - BAZIN Michel – Second Maître fusilier – 3/DBFM

- KRYSHINE Vladimir – Quartier maître fusilier (CS)

- CORVEZ François – QM 2 fusilier – 1/DBFM

- LE MAOULT Antoine - QM2 canonnier – 3/DBFM

- GOMES Lino – Matelot fusilier – 2/DBFM

- TOUZET Jean – Matelot charpentier – 2/DBFM

- LEROUX Michel – Matelot canonnier DCA – 3/DBFM

- SAROTTO René – Matelot armurier – 3 :DBFM

- PIERRE Roger- Matelot armurier – 3/ DBFM

- MERLIN Roland - Matelot S/P

 

 

 

 

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Le « Nivelle » du Djebel Zakri

 

Avant propos :

Que le lecteur ne se méprenne pas, ce récit retrace seulement une épopée ciblée de la guerre d’Algérie dont les acteurs , morts ou vivants, sont à 90% des appelés ou rappelés de la marine nationale.
Le 11 Avril 1956, le gouvernement socialiste Guy Mollet décidait de rappeler 70 000 soldats du contingent « disponibles » pour assurer le maintien de l’ordre et organiser la « pacification » . Les rappelés tentaient de bloquer les trains, refusaient de monter, saccageaient les gares, insultaient les officiers, tiraient les sonnettes d’alarme, dans les ports des mouvements eurent lieu, des casernes connurent des troubles, ils bénéficiaient en outre du soutien d’une grande partie de la population.

- 1954 : 50 000 hommes dont 38% d’appelés

- 1955 : 100 000 hommes ( dont des rappelés)

- 1956 : 200 000 hommes ( dont des rappelés)

- 1957 : 400 000 hommes dont 57% d’appelés ( 30 mois de service)

- Entre 1952 et 1962 : 1 343 000 appelés et rappelés et 407 000 engagés .

 

La loi de Mars 1956 ( loi François Mitterrand) créait les conditions légales de la torture en Algérie ( 455 voix pour ( communistes compris) contre 76). Les pouvoirs spéciaux sont votés.

Le gouvernement a fait intervenir :

- Des militaires de carrière

- Des appelés volontaires pour servir dans certaines unités de choc ( béret rouge), et je peux affirmer pour en avoir parlé récemment avec certains, qu’ils étaient fiers d’aller « casser du fell », qu’ils étaient pro-Algérie française et qu’ils le sont restés, ceci indépendamment de toute affiliation politique quelconque.

- Des appelés qui, pour la plupart n’étaient pas du tout volontaires pour aller se faire tuer dans les Aurès.

-    Des rappelés ( ex-militaires de carrière) devenus civils et peu enclin à retourner au baroud.

- Des rappelés qui, eux avaient déjà effectué leur service militaire, étaient redevenus civils, travaillaient, s’étaient mariés, certains avaient des enfants ou allaient devenir papa, pour ces derniers, et vous le comprendrez facilement, le gouvernement de l’époque a dû employer la force pour contraindre ces hommes à aller en Algérie y effectuer une mission de « pacification ».

 

Oh ! combien de marins, combien de capitaines

Sont partis joyeux pour des courses lointaines.

Combien ont disparu ce jour là, une vingtaine

Et leur sang répandu sur la terre africaine.

Sur les pentes touffues du djebel Zakri

Certains sont morts sans pousser un cri,

Tel autre dans un dernier soupir

Appelle au secours la femme que fut sa maman

C’est aussi l’ultime souvenir

De l’épouse adorée qui porte son premier enfant.

Ces marins ont donc été confiés à des chefs militaires dont la mission était essentiellement de sécuriser un secteur déterminé, effectuer des patrouilles le long de la frontière électrifiée marocaine, signaler des passages de fellaghas sur cette frontière, pacifier la région. Bien sûr, il n’était pas interdit de pratiquer quelques petites embuscades et même de participer à des opérations de grande envergure, mais seulement en « bouclages ». Quant à donner l’assaut à une centaine de fells cela dépasse l’entendement, les officiers qui ont donné cet ordre méritent le peloton d’exécution.

Rien ne prédestinait ces appelés et rappelés à commettre ces actes de violence et pour certains à pratiquer la torture, ils y ont été contraints par des hommes politiques … de gauche… J’ai connu , à Alger quelques gaillards ( communistes ou considérés comme tels) qui renâclaient fort et dur, ils ont bien vite été expédiés en direction du Sud algérien, certainement pour y casser des cailloux. Il n’était pas évident de se sortir de cette spirale gangreneuse qui a fait des ravages dans l’esprit même de ces hommes et dont certains continuent à en souffrir.

Que la tentation doit être grande pour un officier commandant plusieurs bataillons de faire manœuvrer ceux-ci depuis son hélico afin de traquer une bande de HLL, de la cerner et de l’anéantir, c’est certainement très bandant…..Mais si j’évoque une célèbre chanson d’un non moins célèbre chanteur, Georges Brassens, la bandaison n’a pas été partagée par tout le monde…….loin s’en faut…..

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Garde à vous

Présentez armes

Ouvrez le ban

 

GARDAIR Didier Marie Xavier, EV 1 3 /DBFM

 Fiche issue du relevé N° 27364 La Garde-Freinet – 83- Mémorial A F N

Informations :

Enseigne de vaisseau II/DBFM, 24 ième compagnie, né le 11 07 1932

 

Date du Décès :29 08 1956


Lieu du décès :
Djébel Zakri – région de Nemours (Algérie)


Référence : bp 04- 1411252

 

 

 

Circonstances de ma mort de Didier GARDAIR

 

 

Témoignage ( certainement d’un officier de la DBFM)

 

Voici d’après les récits des témoins les circonstances de la mort de Didier ;

Comme suite aux renseignements recueillis, une opération importante fut organisée le 29 08 1956 pour débarrasser la région Sud-Ouest de Nemours d’une bande importante de fellaghas bien armés, ayant les mêmes méthodes de combat, habillés en vert, comme nos fusiliers marins.

Le branle-bas à Béraoun eut lieu à 4 heures et les marins de la compagnie de Didier se trouvèrent au contact vers 5 heures. Dans la matinée il y eut des accrochages assez sévères, mais des chars et des hélicoptères appuyaient la progression ; Celle-ci s’effectuait dans une région tourmentée, avec des pitons de « montagne pourrie », aux pierres friables, des broussailles, des petits bois, des ravins très à pic avec des pentes en terrasses ; Les marins firent des prisonniers, pourchassèrent les fuyards, tuèrent ou blessèrent de nombreux adversaires, saisirent des armes, des munitions et du matériel. Une accalmie suivit entre 10 et 17 heures environ permettant à deux compagnies engagées de poursuivre le bouclage et de se rapprocher du point de jonction prévu, auprès d’un petit bois d’orangers. La compagnie qui devait faire sa jonction avec celle de Didier eut alors un accrochage très violent et meurtrier. Le commandant X… venu en hélicoptère commandait l’ensemble et il fallut que la compagnie de Didier s’efforce de prendre position sur un des pitons tout en visitant et nettoyant les mechtas ( fermes arabes) et le petit bois qui se trouvait le long du ravin au pied de ce piton.Le lieutenant de vaisseau commandant la compagnie, accompagné de Didier et des marins de sa section venait de fouiller une mechta lorsque celle-ci fut criblée par un feu violent d’armes automatiques tirant de très près et avec précision. Didier venait d’entraîner à la poursuite d’un fuyard quelques voltigeurs de sa section car les marins effrayés par un tir si proche n’osaient plus avancer. Il avait son uniforme de combat, avec deux galons sur la patte d’épaule, son baudrier de cuir et son revolver qui le distinguaient. Le matelot de la radio resté près de la mechta le suivait aux jumelles. Il le vit tomber à une quarantaine de mètres de lui, en même temps que deux marins et prévint aussitôt le L V. Des tireurs d’élite dissimulés dans des grottes et des abris dans le petit bois d’orangers venaient d’ouvrir le feu à bout portant ( de 6 à 20 mètres). Le commandant de la compagnie donna l’ordre à ses hommes de se mettre à l’abri et partit bravement avec des volontaires rechercher Didier près d’une mechta où des voltigeurs avaient pu le transporter. Ils avaient réussi au passage à abattre les tireurs avec des grenades. Les chars et l’aviation terminèrent le bouclage en nettoyant complètement ce bois qui était un repère dangereux et bien armé.

Didier avait reçu une balle dans le front près de l’œil gauche, il respirait encore et ne semblait pas souffrir, il avait les yeux ouverts mais le regard vague. Dans un espoir fou de le tirer du danger, le commandant de la compagnie le fit transporter dans un hélicoptère. Il vivait encore en arrivant à l’hôpital mais ne put supporter une intervention chirurgicale.

Il a reçu à Nemours les honneurs militaires et a été inhumé dans sa tenue de combat, en même temps que deux autres enseignes de vaisseau de réserve et 13 marins tués le même jour. Il y eut aussi de nombreux blessés.

Toute la journée Didier avait été calme, souriant, remontant le moral des marins, partageant avec eux des cigarettes et leur casse-croûte.

A Nemours le L V commandant la compagnie, les larmes aux yeux, fit son éloge devant les hommes de la compagnie : il avait espéré faire avec lui du bon travail, comme ils l’avaient fait ensemble sur « l’Arromanches » il l’avait demandé au choix comme officier en 2èmecar il était pour lui un ami et qu’il avait apprécié son calme courage, son ardeur, son intelligence vive qui prévenait ses ordres avant même qu’il ait besoin de les lui commenter.

Didier a été décoré de la légion d’honneur et de la médaille de la valeur militaire avec palme. (Médaille créée spécialement pour les combattant en Algérie.

COURS DU BE

Lorient, école des fusiliers, session du 15 078 1968 au 15 11 1968 - Cours GARDAIR - Citation à l'ordre de l'armée de Mer à titre posthume avec attribution de la croix de la valeur militaire avec palme décernée à l'EV1 GARDAIR Didier Maxime Xavier. Jeune officier plein de courage et de dynamisme. A toujours été pour ses hommes un exemple vivant de foi et d'abnégation. Au cours de l'opération du 29 08 1956 dans la région du djebel Zakri a trouvé une mort glorieuse en s'élançant à la tête d'une équipe pour capturer des rebelles qui abandonnaient une position prise d'assaut par sa compagnie.

Le CF RICHARD commandant l'école des fusiliers marins.


Cérémonie religieuse à Saint Emilion le 06 09 1956

La providence nous a permis d’avoir de grandes consolations et du réconfort le 6 Septembre, jour où fut célébré à Saint-Emilion pour Didier, un service religieux très émouvant.

Une lettre du lieutenant de vaisseau Farges, commandant la 24ème compagnie du 2èmebataillon de la DBFM, dont Didier était l’officier en second ; une lettre du vétérinaire que Didier ramenait tous les soirs en Jeep à Nemours et qui prenait ses repas avec lui ; l’arrivée en permission à Bordeaux d’un jeune matelot fusilier, Jofroit qui avait passé aux côtés de Didier toute la journée du combat comme opérateur de radio portative, OC 300 recevant les renseignements et transmettant les ordres.

Ceci nous permit de commencer à avoir des détails sur cette affreuse nouvelle officielle reçue par télégramme à la mairie de Saint- Emilion : « Enseigne de vaisseau Didier Gardair tué en opération à Nédroma le 29 Août et inhumé à Nemours le 30. »

A la cérémonie de Saint- Emilion ont pu assister le CV Bourragué commandant la marine Bordeaux accompagné de plusieurs officiers, dont le médecin de marine qui était avec Didier sur « l’Arromanches », un ingénieur mécanicien qui était avec lui sur la « Jeanne d’Arc », le cher ami de Didier l’EV Jarry ( Loulou), Jean Verguin, le fistot Bonissent, le Maire de Saint- Emilion, le conseil municipal, les membres de la jurade, des sociétés mutualistes, des anciens combattants, ont participé à la cérémonie à laquelle assistait une grande foule émue, recueillie et priant avec ferveur en silence- Les chants liturgiques dirigés par M. le curé de Saint -Emilion furent très bien exécutés avec émotion et sentiment ; et les paroles prononcées par M. le curé nous ont réconfortés et nous ont permis de sortir de l’église en disant dans nos cœurs à Didier comme la mère de François d’Assise à son fils : » Je suis fier de toi ».

GARDAIR_Tombe_1

Ici repose Didier GARDAIR

Courrier qui m’est adressé en date du 19 11 2007 par une cousine de Didier Gardair :

Monsieur, voici la suite de ce que je vous ai envoyé au sujet de Didier Gardair.

En y réfléchissant, il me semble que finalement vous auriez aimé être à sa place au combat. Mais vous êtes en vie- Savourez ceci- et ne grattez pas là où ça fait mal. C’est l’histoire du passé, on ne peut pas y revenir pour le réécrire.

Didier GARDAIR, né à Toulon le 11 Juillet 1932, a fait ses études secondaires au lycée Montaigne à Bordeaux ; Il est reçu à l’école navale en Octobre 1952. Après la croisière sur la Jeanne, il est enseigne de vaisseau et embarque sur le porte-avions Arromanches. Il est ensuite désigné pour la DBFM à Nemours le 9 Juillet 1959 ; Il s’était marié le 3 Août 1955 et avait appareillé de Toulon je jour de la naissance de sa fille, le 22 Mai 1956. Il ne fit sa connaissance que fin Juin, 15 jours avant son départ pour l’Algérie. Après un mois à Nemours il fut demandé au choix comme officier en second de la 24ème compagnie du 2èmebataillon par le commandant, le LV Farges qui l’avait connu et apprécié sur l’Arromanches. Il fut inhumé avec les honneurs militaires à Nemours le 30 Août . La cérémonie religieuse eut lieu le 6 Septembre 1956 à Saint Emilion où il est inhumé.

Sa femme s’est remariée avec un charmant garçon que je n’ai vu qu’une seule fois. Je sais qu’il a élevé la fille de Didier avec ses autres enfants. Je n’ai pas de photo de Didier.

Merci monsieur de votre compte-rendu sur cette opération, j’avoue que je n’imagine pas la réalité des faits. Je comprends que votre honnêteté et les souvenirs de la guerre vous incitent à chercher la réalité des faits, cependant cela ne changera rien et ne fera pas revivre les morts.



2Mort pour la France A F N

Je n’ai pas ta photo, mais tu es dignement représenté par la statue du Fusilier Marin

1)GARDAIR Didier Marie Xavier, EV 1 3 /DBFM

 

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AMOURETTE Jean-Pierre , EV 2 ( R ), 2/ DBFM

 

 

       Fiche issue du relevé N° 2363, Le Havre 76, monument aux morts

Informations

Enseigne de vaisseau de la DBFM

Date du décès : 29 08 1956

Lieu du décès :Djébel Zakri, région de Nemours, Algérie

Référence :N° bp 01- 116125

Né le 08 03 1931 au Havre

4

Né le 08 03 1931 Le Havre

Inhumé le 28 06 1957 au Havre, son père a fait poser sur sa tombe une Plaque :

Jean-Pierre AMOURETTE

  Enseigne de vaisseau

Tombé le 29 08 1956

Au djebel Zakri à 25 ans

 

Cours de B E

École des fusiliers marins, 194 ème session du 01 07 1979 au 01 11 1979 - Cours AMOURETTE - Citation à l'ordre de l'armée de Mer décernée à l'EV de réserve AMOURETTE Jean-Pierre de la DBFM. Jeune officier calme et courageux possédant au plus point le sens du devoir est tombé à la tête de sa section le 29 08 1956 au djebel Zakri alors qu'il pénétrait ....... ( illisible) , a donné à tous ... (Illisible). Cette citation donne droit à la croix de la valeurs militaire avec palme.

A fait ses études à l’école de la marine marchande du Havre, a navigué plusieurs années sur les bateaux de la compagnie des chargeurs réunis. Brevet de lieutenant au long cours en 1948, a navigué comme 2ème lieutenant, puis 1erlieutenant, il lui restait encore 3 ans pour pouvoir embarquer comme commandant.
Ses escales : Saïgon, Haïphong, Singapour, Djibouti, Port-Saïd, Casablanca, Dakar, Konakry, Sassandra, Abidjan, Douala, Libreville, Port Gentil, Pointe Noire.
- Service militaire : Brest – EAR poste II Tourville, puis aspirant sur l’escorteur Lancier à la Pêcherie en Tunisie et ensuite la DBFM.

 

5

    14 07 1956 avant le défilé à Alger, de G à D: FALQUE Robert, GUIADER,  AMOURETTE  Jean-Pierre, MONNIER.

   Sursis D'incorporation

 

 République Française

 Sous -Préfecture du Havre

Références à rappeler

AL/BP

2ÈME bureau affaires militaires

recensement de la classe 1951

 

 

  16 Mars 1951

 

Monsieur

J’ai l’honneur de vous informer qu’un sursis d’incorporation vous a été accordé par la commission
de révision de la Seine Inférieure en séance extraordinaire du 28 02 1951.
Ce sursis est valable jusqu’à l’ âge de 25 ans.
Si vous désirez en obtenir la résiliation avant cette époque, il conviendra d’adresser à M. le directeur du recrutement, caserne Vincent, une lettre dont la signature sera légalisée.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.

Le sous-Préfet,

 

Monsieur Amourette Jean

7 rue Toustain

Le Havre

 

 Pre            Premières impressions dans la royale :

 

 Lettre :

Brest Dimanche,

Chers tous,

Vous avez dû revoir Simon depuis que je suis parti et j’espère que vous avez fait un bon voyage depuis Paris jusqu’au Havre. Ici tout va bien ou à peu près.

Le voyage s’est à peu près bien passé, un peu long mais j’ai rencontré des camarades en route. Dès le premier jour nous avons pris possession des locaux, 25 par poste, hamacs pour dormir. Nous avons été habillés avec des effets trop grands ou trop petits. Les résultats pour le moins sont risibles. Nous avons deux maîtres par poste, ils sont bien . De plus nous avons un capitaine de Corvette qui donne des conférences. Interdiction de sortir pour le moment. Nous avons même travaillé aujourd’hui, ce matin, ce qu’il appelle infanterie. Déguisés avec guêtres et cartouchières, nous avons appris à marcher au pas…Nous mangeons à peu près bien. Tout à l’heure nous avons pu aller faire un peu de sport durant nos heures de libre. Ils n’ont pas l’air trop sévères ; Nous avons 4 mois de préparation, 3 semaines avec habillement de matelot ( pompon rouge) et 18 mois en tout à faire. Nous aurons une permission de 8 à 10 jours après les 4 mois, pas avant. A part cela je ne sais pas ce que je pourrai bien vous dire.

Mes affaires vont vous parvenir un de ces jours ; Je vous joins mon adresse :

P Amourette

EAR poste 11

à bord du croiseur Tourville

Brest Finistère

En espérant recevoir bientôt de vos nouvelles

Bons baisers à tous

Jean-Pierre 

Secte       Secteur de la défense maritime de Bizerte ( Tunisie) La Pêcherie

 

Lettre :

24 12 1955

 

Chers tous,

J’espère que vous avez passé de bonnes fêtes de Noël et que vous m’en donnerez quelques détails. Peut-être avez-vous eu Philippe et Hélène le Dimanche. Ici nous passons le Noël à la mer, au mouillage sans doute ; Il y a une toute petite fête avec remise de cadeaux aux officiers mariniers et à l’équipage avant de partir en patrouille, les fellaghas, parai-il voulant profiter de Noël pour introduire des armes en Tunisie. Nous aurons une plus grande fête au premier de l’an que nous espérons passer à la pêcherie. Nous sommes dans le Sud depuis 3 jours, hier nous étions réfugiés à Sousse à cause du mauvais temps, une petite ville où il n’y a pas grand- chose. La ville arabe y est gardée et l’on ne peut pas y pénétrer et à part cela il n’y a pas grand- chose d’intéressant. Nous sommes repartis hier soir de Sousse. Un commandant de la légion était venu nous inviter à passer Noël avec eux, malheureusement nous n’avons pu accepter. Il y a 5 jours nous étions à Bône pour la journée, je n’ai pas vu grand chose car je me suis surtout occupé d’avoir des cigarettes au prix bas pour le bord. Il y a des militaires armés à tous les coins de rue et l’on ne peut pas sortir de la ville sans risque, même dans la journée. Toutes les communications entre villes se font en convois sous escorte militaire, tout cela à cause de quelques bandits qui font la loi dans la montagne et que l’on laisse faire. On se contente de garder les villes et quelques routes.

J’ai bien reçu le colis de Marie. J’ai goûté aux bonbons et je les ai gardés pour ce soir certain qu’ils auront du succès à la fin du petit réveillon. J’ai eu également le beau porte-monnaie, trop beau même. Je ne sais pas qui je dois remercier, il n’y avait aucun petit mot. J’ai reçu une lettre d’Annette, elle passera sûrement de bonnes fêtes. J’espère que Simon passe de bonnes vacances avec Marie. Il doit y avoir des fêtes et de beaux programmes de cinéma pour le nouvel an. Est ce que la chimie lui plait, elle doit disséquer pas mal de bêtes aussi, je crois.

Je termine en vous embrassant tous et en vous souhaitant de bonnes fêtes et à Simon de bonnes vacances.

 Jean-Pierre 

Je voulais vous envoyer une procuration pour voter à ma place mais il me manquait certains renseignements. Nous venons de rentrer à Sfax où j’ai reçu la dernière lettre de Marie. J’ai bien reçu tout ce que vous m’aviez envoyé. Il s’agissait de mon pantalon bleu d’uniforme de la marchande ( en serge) et de mon 2èmepull- over gris clair. C’est pour mettre avec mon costume, le pantalon de mon costume commençant à être usé. Joignez-y si possible mon dictionnaire anglais-français à couverture rouge et bleue.

Merci

En espérant que vous avez passé de bonnes fêtes de Noël, bons baisers à tous.

6



Lettre

Mercredi 4 Janvier 1956,

Chers tous,

Je viens de recevoir la lettre de Simon. Je vois que vous avez tous passé de bonnes fêtes. Merci pour les photos. Philippe et Hélène ont l’air de bien se porter. J’espère que vous avez un meilleur temps qu’ici où il pleut depuis plusieurs jours ; Nous avons passé Noël d’une manière assez triste et calme. Le 24 nous étions au mouillage ; Dans l’après- midi le commandant a offert l’apéritif à tout le monde et la coopérative a offert ses cadeaux à l’équipage et aux officiers mariniers. Avant de partir à 20 heures en patrouille nous avons fait un petit repas avec langoustes (en boîte), poisson pêché le jour même et tranche de dinde (en boîte) avec truffes et pour terminer nous avons eu droit au champagne. Le lendemain nous sommes allés à Sfax où nous sommes restés deux jours ; J’y ai rencontré un camarade d’un chasseur et nous avons été faire un petit tour et déjeuner ensemble. Nous sommes rentrés à la Pêcherie le 30 dans la journée après avoir essuyé du mauvais temps, mais nous avons tout de même réussi à rentrer pour le 1erde l’an en faisant d’ailleurs plutôt sous-marin qu’escorteur ; Nous faisons 50 mètres de long et nous tenons très mal la mer. Le 31 Décembre il y avait un grand réveillon à bord pour l’équipage. Je suis allé pour ma part chez un camarade à Bizerte où j’ai passé la journée et la soirée du Samedi. En ville il n’y a rien de bien spécial à part une soirée au cercle interarmes mais on n’y était accepté qu’en uniforme ou tenue de soirée si bien qu’il y avait très peu de monde ; Les dix jours à terre passent en général assez vite. Le soir je suis invité à nouveau chez ce camarade. Vendredi chez un autre. Ce sont les patrouilles les plus longues, mais il faut bien que la marine ait l’impression de faire son devoir. En partant nous prenons toujours une bonne réserve de lecture. Pour le début de l’année nous avons eu droit aux bons vœux du Général Billotte et à « l’affection de l’armée ». Ce doit être une plaisanterie. Vous avez dû entendre le message à la radio, les familles avaient droit également à l’affection de l’armée. Ici nous n’avons aucun poste de TSF. En emballant bien le mien, vous pourriez peut-être m’envoyer le mien sans qu’il souffre trop du transport. Est ce que Marie a été à Paris ? Il devait y avoir de beaux étalages et de beaux programmes au théâtre à l’occasion des fêtes de Noël et du nouvel an.

Je termine en vous embrassant tous

Jean-pierre 

Merci pour le porte-monnaie.


Lettre
Sfax le 31 Mai 56 ( retour de permission)

Chers tous,

J’espère que vous allez tous bien depuis mon départ et que vous avez un peu moins chaud qu’ici où le temps est très lourd. Je suis arrivé hier soir après une traversée agréable par beau temps et en première classe. Il n’y avait pour ainsi dire que des militaires à bord et surtout des rappelés. J’ai passé un bon séjour à Paris. Je suis allé voir les ballets de l’Amérique latine et deux films : « Si tous les gars du monde » et « le mystère Picasso » qui, tous deux étaient très bien. A part cela j’ai vu deux expositions de peinture et j’ai mangé au restaurant chinois tout en me promenant sur ,les principaux boulevards. Il y a une foule d’anglais actuellement. Marie à-t-elle eu une réponse pour son nouvel emploi ? Ici peu de nouveau. J’ai déjà revu pas mal de monde hier soir. L’après- midi nous ne travaillons plus que de 15 à 17 heures en raison de la chaleur. Il y a une recrudescence de trafic d’armes et tout le monde est sur les dents dans le Sud près de la Tripolitaine. De même il y a pas mal de bâtiments en patrouille en ce moment et j’arrive bien en fin de mois pour faire tous les rapports du mois. Ce soir a lieu la dernière séance du ciné-club avec « rendez-vous de Juillet » et je compte y aller. Je ne vois plus grand- chose à vous dire, aussi je termine en vous embrassant tous.

Bons baisers

Jean-Pierre

 

Nouvelle       Nouvelle affectation : Arzew

 

 P.j.

 

La Pêcherie, le 25 Juin 1956

 Marine Nationale

Secteur de défense maritime

De Bizerte

Etat- Major

N° 278 EM.1/ Pers/ secteur 

 Ordre

Objet : Mouvement de personnel officier

Références : a) Message N° 8845 de Marine Paris du 19 06 1956

  b) Message N° 4870 de Prémar Tunisie du 23 06 1956

1. Les enseignes de vaisseau de 2èmeclasse de réserve AMOURETTE ( J P) et SALVATI ( E G)- Port matriculaire Toulon- embarqués respectivement sur les escorteurs côtiers LANCIER et DRAGON et désignés pour la DBFM ( C I O A – Arzew) par message de référence (a) débarqueront le 27 06 1956.

2. Ils seront destinés administrativement au C I O A Arzew pour compter du 27 06 1956 et rallieront leur nouvelle affectation à l’issue d’un stage d’instruction d’un mois à Siroco

Destinataires : EV 2 ® AMOURETTE (5), EV 2 ( R) SALVATI (5)

Copies : Prémar Tunisie (2)- Lancier- Dragon- Prémar IX (2) – CIOA Arzew (3) , dont un pour DBFM- C. Ad. Secteur – Solde Bizerte – Solde Toulon – Solde Oran – B M M Toulon – 4 ° DEC - Infirmerie B P – Bureau des passages – Archives (2) – Centre Siroco.

Ces officiers seront mis en route sur Alger par avion PREVATEER quittant Karouba le 27 06 1956.

Leurs livrets individuels seront adressés ultérieurement au C I A O Arzew.

PO. Le capitaine de Frégate BIGENWALD, chef d’Etat-Major

 

Nomination

République française

Ministère de la défense nationale

Et des forces armées

 Paris le 24 04 1956

 

Le secrétaire d’état aux forces armées

 (Marine)

 Direction

Du personnel militaire de la flotte

 

Bureau de l’état major de la flotte

Le secrétaire d’état aux forces armées ( Marine)

Informe Monsieur AMOURETTE Jean-Pierre 

Que par décret du 14 04 1956

Il a été nommé au grade d’Enseigne de Vaisseau de 2èmeclasse de réserve

Pour compter du 1erAvril 1956

Pour le secrétaire d’état aux forces armées (Marine)

Et par délégation

Le Vice-Amiral WILLAUME

Directeur du personnel de la flotte

 

Centre Siroco

 

Lettre 

Alger 01 07 1956

Cher tous,

J’espère que vous allez tous bien et que vous avez de bonnes nouvelles de Simon et Annette. Je suis auprès d’Alger au centre Siroco ( Fusiliers Marins) depuis Mercredi dernier. Je suis venu de Bizerte par un avion de la marine et j’ai retrouvé là 6 à 7 camarades qui venaient comme moi pour Arzew, une base de la marine auprès d’Oran. Nous suivons au préalable un petit cours au centre de Siroco ; Cela n’a rien de bien agréable à côté de Sfax, ici c’est la vie de caserne ; Heureusement il n’y avait plus de place pour nous loger et nous sommes à l’hôtel à deux kilomètres du centre juste au bord de la plage où nous sommes très bien. Je ne suis pas encore allé à Alger. J’irai sans doute Dimanche prochain. Marie se plait-elle bien à Rouen ? Quelle place à-t-elle prise finalement ?Je vous joins mon adresse et termine en vous embrassant tous

Jean-Pierre

Centre Siroco

Cap Matifou

Alger

Lettre
Cap Matifou le 20 Juillet

Cher tous,

J’ai reçu cette semaine la lettre de papa. Le courrier n’a pas l’air de marcher régulièrement. J’espère que vous allez tous bien ; Allez-vous quelque part durant les vacances ? J’espère que Bernard et Ginette ont passé de bons moments à Paris. Il doit y avoir des programmes intéressants actuellement. Ici il n’y a pas beaucoup de nouveau. Nous sommes toujours au centre pour instruction et entraînement. 1000 appelés viennent d’arriver et le travail ne manque pas. Nous avons eu droit au défilé le 14 Juillet en grande tenue blanche, fourragère rouge et sabre au côté, ces détails pour grand-père. Je vous joins enfin une photo, le sabre est manquant la photo étant prise à notre séjour à l’hôtel. Dimanche nous avons eu une prise d’armes à Cap Matifou avec défilé également, la semaine prochaine même chose à l’occasion de l’arrivée d’une statue représentant un fusilier marin et qui doit être mise en place. Nous n’en sortons pas et cela n’est pas très agréable. Nous sortons assez souvent avec l’école commando et c’est le plus intéressant, on escalade des falaises et l’on redescend en rappel, on fait des débarquements sur des plages avec des canots pneumatiques et un tas d’autres exercices, on se croit presque chez les boy-scouts. Nous avons campé l’autre jour sur une belle plage avant de renter le lendemain matin au centre en effectuant une marche de 12 kilomètres dans le sable, ce qui est très fatigant. A part cela peu de nouveau, la région est très calme à part un attentat de temps en temps sur des personnes isolées. On fait beaucoup de remue ménage pour pas grand- chose bien que certaines régions, telles que le constantinois soient assez peu tranquilles. Nous sommes toujours à l’hôtel, ce qui est très agréable surtout les Samedi et Dimanche où la plage est très animée. Nous ne savons pas encore où nous irons à la fin du mois, du côté d’Arzew sans doute (auprès d’Oran) une autre base de fusiliers marins où des appelés sont également attendus. Il arrive constamment des troupes à Alger et cela doit être pareil dans les ports.

En espérant recevoir bientôt de vos nouvelles

Bons baisers à tous.

 

 

 

 

 

 

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Lettre

Béraoun le 5 Août,

Chers tous,

J’ai reçu il y a quelques jours la lettre que papa m’a envoyée d’Eygeaux, j’espère qu’avec maman il a fait un bon voyage. Il doit y avoir beaucoup de monde sur les routes dans ces périodes de vacances. Marie aura-t-elle un peu de congés cette année ? Depuis le début de cette semaine nous sommes arrivés près de Nemours à 6 Kms, je suis dans un petit village que l’on a fait évacuer pour pouvoir nous y installer. Nous ne sommes pas spécialement bien installés, mais c’est original. Nous sommes dans une maison en terre battue avec très peu d’eau à notre disposition et encore elle n’est pas bonne à boire . Il fait assez chaud pour le moment. Je suis tout de même le mieux de mes 5 camarades qui, eux sont beaucoup plus éloignés de Nemours que moi, ils sont installés en pleine nature dans des camps de tentes sans eau…Ici nous sommes une quinzaine d’officiers et pas mal de troupe et c’est assez agréable comme ambiance à côté de certains autres postes où ils ne sont que 4 officiers. Nous avons relevé des troupes de l’armée de terre qui ont assaini le pays puis nous ont laissé la charge de le pacifier. Nous avons pas mal de travail, on construit des postes, des routes, on répare les ponts, on réorganise la vie du pays, beaucoup de marchés arabes ayant cessé de fonctionner. On se promène dans les villages pour soigner les gens et leur faire reprendre confiance. C’est assez intéressant. Le coin est tranquille mais il n’est pas très gai, c’est très sec et les paysages sont plutôt lunaires. Nous faisons fréquemment des convois pour ravitailler les autres compagnies en vivres et eau. Ça commence à s’organiser bien que ce soit assez difficile faute de matériel. Hier je suis allé à Nemours, c’est un tout petit port où l’on ne trouve pas grand- chose, je viens de casser mes lunettes de soleil incassables. Si vous pouviez m’en envoyer une, c’est assez nécessaire dans la région. Le courrier mettra certainement une semaine à vous parvenir, sinon plus et le même temps pour venir. Les départs sont tout à fait irréguliers ; Vous excuserez l’écriture mais je n’ai pas de table, juste un lit et ce n’est pas très pratique pour écrire, nous faisons du vrai camping.

J’espère recevoir bientôt de vos nouvelles et vous embrasse tous.

Jean-Pierre 

EV Amourette

Demi -brigade de fusiliers marins

2ème bataillon, 25èmecompagnie

par Marseille - Navale

 

 

 

 

 

 

 

 

 

24 février 2008

Amourette

Lettre 

Béraoun le 10 Août

Chers tous,

J’ai reçu cette semaine les deux lettres de papa plus une de Simon et une vieille qui est passée par Sfax et Alger avant de ma parvenir. J’espère que tout le monde va bien et que le voyage de papa et maman s’est bien passé et terminé. Simon a l’air de bien se plaire et ne pense rentrer qu’en Septembre. Bernard et Ginette ont-ils pris des vacances ? Dans toutes les lettres que je reçois on me fait les éloges de Philippe et Hélène et des progrès qu’ils font. Philippe va rentre à l’école maternelle en Octobre si cela continue. Marie est-elle entrée à la Shell ou a-t-elle quelque chose d’autre en vue ?

Ici tout va bien, la région est très calme, depuis que l’armée est passée et que nous avons pris la place pour pacifier, tous les fellaghas ont enterré leurs fusils. Le pire c’est que lorsque nous repartirons, tout recommencera sans doute.

Notre activité consiste surtout en instruction et ce n’est pas très gai, les rappelés et les appelés ne sont pas particulièrement doués et il faut répéter souvent la même chose. Nous nous installons le mieux possible en prévision de l’hiver, bien que nous espérons que d’ici là d’autres nous aurons relevés.

Nous faisons des routes, des convois pour ravitailler des postes à quelques kilomètres d’ici ; Des 6 camarades passés à Siroco avec moi, je suis tombé le mieux, dans le PC du 2ème bataillon, il y a une vingtaine d’officiers et c’est assez sympathique comme ambiance et la vie est assez variée. Nous allons souvent en pacification, c’est-à-dire que dans un certain secteur qui vous est attribué on essaie de prendre contact avec les arabes et de ramener la confiance. Avant nous ce sont les légionnaires qui sont passés et les gens sont plus ou moins effrayés lorsqu’on arrive.

Le coin est très calme mais très montagneux et pour faire quelques kilomètres à vol d’oiseau il faut en faire 3 à 4 fois plus réellement sous un bon soleil. Il y a quelques vallées verdoyantes, très agréables où l’on trouve actuellement des prunes, du raisin, des amandes…

Cela change un peu des conserves. En général nous ne mangeons pas trop mal pour les moyens dont on dispose. Le pire est le manque d’eau, il n’a pas plu depuis plusieurs mois et elle se raréfie rapidement, et encore faut-il aller la chercher par camion- citerne jusqu’à Nemours.

Demain mes hommes sont permissionnaires et j’irai sans doute avec eux à Nemours. C’est un tout petit bourg avec 2 rue principales et quelques magasins rudimentaires, cela change quand même un peu de nos maisons arabes et de nos promenades dans la région. On y achète des journaux, j’ai une dizaine de livres également que j’avais achetés avant de venir ici, aussi je ne manque pas de lecture. Demain j’espère pouvoir prendre un bain.

Sa dernière lettre

Béraoun, Samedi

Chers tous,

Je n’ai pas eu le temps cette semaine de répondre aux lettres de grand-père, papa et Marie, j’espère que vous allez tous bien. Simon a l’air de bien se porter o Bobo-Dioulasso. Annette prend-elle des congés cette année ? Elle pensait peut-être revenir avec Simon. Est-ce que tante Geneviève de Valence se relève ?
Ici toujours pas de nouveau, nous n’avons pas beaucoup le temps de nous ennuyer. Cette semaine 2 petites opérations de contrôle d’identités, cela consiste à partir à deux heures du matin à 3 ou 4 compagnies, on encercle tout un village et au jour on ratisse selon l’expression des journaux. On fait sortir tous les bonnes gens de leurs maisons et on contrôle l’identité, on fouille et on arrête les suspects, il y en a parfois une dizaine. Cela représente beaucoup de fatigue pour 400 à 500 bonshommes pour un résultat assez médiocre, mais cela fait assez peur aux gens et ils se tiennent tranquilles. D’ailleurs ils commencent à en avoir assez et beaucoup se rallient ou tout au moins le voudraient bien. Il suffit de 2 à 3 mesures politiques dans un village pour empêcher les habitants de se mettre de notre côté car ils sont surveillés et craignent leurs représailles.Plusieurs familles viennent se mettre sous notre protection et il commence à y avoir un camp d’arabes annexé au nôtre. D’autre part il commence à y avoir des dénonciations et les petites opérations que l’on fait actuellement ont pour but de cueillir les dénoncés au saut du lit. Hier je suis allé en convoi jusqu’à Tlemcen à 80 Km environ d’ici pour accompagner des permissionnaires qui partaient pour Oran et pour y chercher du ravitaillement. Le trajet est assez pittoresque, la région étant très accidentée, la route fait presque continuellement des lacets dans des monts assez sauvages. Le trajet à l’aller, c’est-à-dire le matin de bonne heure est assez agréable, le retour a été un peu plus pénible sous le soleil de 11 H à 15 H avec des ennuis mécaniques pour certains véhicules du convoi.
Tlemcen change beaucoup de Béraoun et de Nemours, cela fait déjà petite ville et il y avait beaucoup de monde dans les rues, dont pas mal de troupe d’ailleurs. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour admirer la ville car l’état-major m’avait donné pas mal de courses à fairelà -bas.
Ce matin je suis redescendu à Nemours, toujours pour des histoires de papiers, j’y retourne sans doute demain mais en permission cette fois.
On vient de m’apporter le colis de lunettes et une lettre de papa du 20 Août. Le courrier semble bien marcher, merci pour les lunettes cela va me rendre bien service. Il fait actuellement assez chaud comme le signale la TSF, quant au communiqué de la radio française ils doivent certainement être mal renseignés ou bien faire toute une histoire de pas grand chose, car ici nous prenons chaque soir des informations de radio ( ?), nous lisons les journaux et à part quelques opérations de temps à autre et des attentats et sabotages de ponts…

Il n’y a pas grand -chose à signaler et cela se passe surtout dans la constantinois. Il y a bien une zone interdite le long de la frontière, une bande de 2 à 3 Kms de large je crois a été évacuée complètement… et elle est tenue par le 3ème bataillon de fusiliers marins depuis la côte jusqu’à 25 Kms à l’intérieur. La ligne est très bien surveillée par des convois militaires et les fellaghas sont repoussés de l’autre côté de la frontière où l’on a pas le droit de les poursuivre.

Ils essaient maintenant de passer beaucoup plus bas où les troupes n’avaient encore été mises en place. Plusieurs bataillons de l’armée de terre viennent d’arriver et s’installeront le long de la frontière plus au Sud de manière à contrôler toute la frontière. Vous n’avez pas de soucis à vous faire, les seuls tués du bataillon, une dizaine depuis 3 mois l’ont été par accident de voiture.

Je ne vois plus grand -chose à vous dire et termine en vous embrassant tous
Jean-Pierre

Récapitulons :

1) 1955 incorporation à Brest
2) Embarquement Bizerte sur un escorteur côtier jusqu’à Juin 1956
3) 1er Juillet 1956, un mois de stage au centre Siroco
4) 1er Août 1956, DBFM Béraoun, quelques paperasses à exécuter, missions de pacification, constructions de pistes, réfection de ponts endommagés, contrôles d’identités ; Et puis ………
5) le 29 08 1956, opération du djébel Zakri, une centaine de fellaghas accrochés, supérieurement armés ( mitrailleuses allemandes MG 42, le nec plus ultra à l’époque, le 24/29 faisant figure d’ancêtre), des combattants aguerris, motivés à qui il faut donner l’assaut. Jean-Pierre va s’élancer à la tête de ses fusiliers marins appelés et rappelés et mourir avec eux sur le sol africain.
Qui peut le croire ? Qui peut douter maintenant à la lumière de ses derniers courriers que cet ordre donné était un ordre assassin ?

Puis c’est le massacre, la tuerie, la boucherie

 

 

 

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22 février 2008

Amourette - Touzet

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Mme Veuve AMOURETTE, M P RUDOLPH ses grands-parents, M. et Mme Pierre AMOURETTE ses parents,      M.et Mme Bernard AMOURETTE et leurs enfants, Mlles Anne-Marie, Marie-Françoise Geneviève ses frères et sœurs M. et Mme Camille AMOURETTE et leurs enfants, M. et Mme Antoine AMOURETTE et leurs enfants, M. et Mm Bernard AMOURETTE et leurs enfants, ses oncles et tantes, les familles DENOILLES, GIBON, GUERIN, BOUTEILLER, GIACOBBI, la direction et le personnel des chargeurs réunis, vous font part du retour du corps de :

 Jean-Pierre AMOURETTE

 

Lieutenant au long cours

Enseigne de vaisseau de fusiliers marins

Chevalier de la légion d’honneur

Médaille de la valeur militaire avec palme

Tombé le 29 08 1956 au combat du djebel Zakri ;

Le service d’inhumation a eu lieu dans l’intimité le 28 Juin en l’église Saint Michel, 107 avenue Foch.

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Jean-Pierre est mort le 29 08 1956, souvenez-vous. Le 29 01 1959 il reçoit un courrier du capitaine de vaisseau commandant la demi-brigade de fusiliers marins lui faisant savoir qu’il a fait étudier par la maison HERMÈS un foulard de la DBFM et réclame à Jean-Pierre un montant de 4500 F pour chaque pièce commandée. Je pense qu’après avoir été nommé amiral ce personnage a quitté la marine pour se destiner à ce genre de négoce qui le préoccupait tant en 1959.

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A L B

Nemours le 29 01 1959 

 Marine nationale

4 ème région maritime

demi-brigade de fusiliers marins

Etat-Major

 

N° 29 CDT

 

 Mon cher camarade,

J’ai fait étudier par la maison Hermès un foulard DBFM qui sera effectivement réalisé vers la fin du mois de Mars. Ce foulard, en soie, de 1 mètre carré, représente des marins en tenue de campagne verte, portant des fanions rappelant les noms des différents postes de la demi-brigade de fusiliers marins. Au premier rang figure un porte-drapeau, les fanions des trois bataillons, les quatre commandos marine et de Yatagan.

Si vous désirez obtenir un ou plusieurs exemplaires de ce foulard, je vous demande de m’en prévenir par lettre avant le 15 Février en joignant un mandat de 4 500 francs pour chaque foulard.

Dès qu’il sera réalisé ce foulard vous sera envoyé franco de port par la maison Hermès, directement à l’adresse indiquée.

Je vous signale que ce foulard est déjà très demandé et qu’en procédant ainsi je désire donner une priorité certaine aux anciens de la DBFM. La mise e vente publique n’aura lieu en effet que vers le mois de Juin et à un prix très supérieur à 4 500 francs.

Veuillez croire à mes meilleurs sentiments 

Le capitaine de vaisseau GUILLON

Commandant la demi-brigade de fusiliers marins

 

 

Monsieur AMOURETTE Jean

Enseigne de vaisseau de 2ème classe ®

107 avenue Foch

Le Havre ( Seine Maritime)

 

3Mort pour la France A F N

De gauche à droite en regardant la photo : FALQUE Robert et Jean-Pierre AMOURETTE

2) AMOURETTE Jean-Pierre , EV 2 ( R ), 2/ DBFM 

 

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TOUZET Jean, matelot charpentier, 2/DBFM

Fiche du relevé N° 32442, Labastide-d’armagnac (40) monument aux morts

Date du décès : 29 08 1956

Lieu du décès : Djebel Zakri ( Algérie)

Référence N° : bp 05 - 1558577

Fils de Charles et de Rivière Marie il est né le 09 04 1935 à Lagrange ( Landes)
Brevet d’enseignement industriel de menuisier le 28 06 1952 et du CAP de menuisier en Juillet 1952, il voulait s’installer à son compte dès son retour d’Algérie.

Devancement d’appel puis affectation à la DBFM. Il devait partir en permission une vingtaine de jours, embarquer d’Oran pour Marseille, le 4 Septembre 1956, le bateau partira sans lui.

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                                                  Touzet Jean

 

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B

Enseigne de vaisseau de 2ème classe

 

BONDUELLE

 

4ème section 24ème compagnie DBFM

 

poste navale Oran

 

Béraoun le 20 Septembre,

 

Mon Capitaine,

 

L’action au cours de laquelle a été tué le matelot Jean TOUZET s’est déroulée le soir du 29 Août.

 


Le bouclage de la région du djebel Zakri à l’Ouest de Nédroma mettait en œuvre plusieurs bataillons, Spahis, REI, fusiliers marins, artillerie, commandos marine, aviation.

 


Dès le petit jour des rebelles en uniforme et armés tentent de sortir de la nasse, d’autres déguisés en paysans sont des marocains sans papiers ou des rebelles connus. A midi le dispositif se resserre, à 16 H les derniers rebelles sont retranchés dans trois mechtas près d’un ravin en terrasses irriguées couvert d’arbres fruitiers.

 


A la nuit tombée la bande était détruite ( 60 armes dont trois FM).

 


La quatrième section de la 24ème compagnie a participé au bouclage et à la dernière phase de l’action. A midi, avec un camarade le matelot TOUZET avait découvert dans une mechta des rouleaux de fil téléphonique, des explosifs, des effets militaires et avaient mis le feu sur ordre. A 13 H les fusils mitrailleurs des 3ème et 4ème sections amenés en hâte sur une croupe abattent deux fellaghas à 800 mètres. J’ai vu le matelot TOUZET tirer plusieurs coups de fusil à ce moment là, le fusil bien appuyé sur une pierre, il s’appliquait comme à l’exercice. A 14 H la section progresse et à 16 H elle se trouve à proximité des mechtas fortifiées et du ravin qui sont sans cesse mitraillés par la chasse.

 


Les mechtas sont prises d’assaut à la grenade par les voltigeurs de la 4ème section sous la protection de deux chars.

 


C’est au cours d’une petite reconnaissance dans le verger situé en contrebas de ces mechtas que TOUZET a reçu une balle dans la tête.

 


Le lieutenant de la compagnie et un autre voltigeur ont été blessés à mort au même endroit et au même moment, les autres voltigeurs de l’équipe ont remonté le lieutenant et m’ont renseigné. Avec 15 matelots je suis descendu, nous avons retrouvé de suite TOUZET accroupi, mort, le fusil dans les mains, les yeux ouverts, je l’ai fait remonter de ce verger et un hélicoptère l’a emmené.

 


Les honneurs ont été rendus à Nemours le 30 Août et le corps du matelot Jean TOUZET est au cimetière de Nemours à un kilomètre du centre.

 


TOUZET a été tue d’une balle de fusil canadien tirée à 10 mètres qui a pénétré au milieu du front et a fait exploser la boîte crânienne.

 


Le souvenir de Jean TOUZET dont le départ en permission était imminent restera dans le cœur de tous les matelots de la section, des gradés d’active et de son sous-lieutenant. Son sourire et son sens du devoir m’avaient particulièrement frappé.

 


Je vous prie de recevoir mon capitaine, l’expression de mes respects les plus sincères.

 

BONDUELLE

 

PS : Je suis à votre disposition pour compléter ces données ou d’autres choses. Si vous désirez une visite de ma part chez vous ou chez les parents du matelot TOUZET, je m’efforcerai de répondre à votre désir, cela me sera facilité bientôt par ma libération des obligations militaires.

 

Dominique BONDUELLE

 

La Voëstyn

 

Renescure

 

Nord

 

 

 

 

 

 

 

 

 

20 février 2008

Touzet

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Lettre de Monsieur PITTONI Jean à Monsieur TOUZET Bernard (frère de TOUZET Jean.)

(Jean TOUZET est mort dans les bras de PITTONI Jean.)

 

 

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     Mort pour la France A F N

3) TOUZET Jean, matelot charpentier, 2/DBFM

Décorations: M M, croix de la valeur militaire avec palme, citation à l'ordre de l'armée de Mer

 

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18 février 2008

Kryshine-Masini-Mario-Sarotto

KRYSHINE Wladimir, QM fusilier CS, DBFM



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Le QM Kryshine Wladimir, photos prises certainement en Indochine

 

Fiche issue du relevé N° 5667

Informations :

Quartier-maître fusilier CS, DBFM

Date du décès : 29 08 1956

Lieu du décès : Djebel Zakri (Algérie)

Références : bp01- 304956

Cours du BE

session du 01 10 1956 au 01 03 1957 - Citation à l'ordre de l'armée à titre posthume, médaille de la valeur militaire avec palme décernée au QM fusilier CS KRYSHINE Wladimir matricule 3417 T 47, tué en opération de maintien de l'ordre le 29 08 1956 dans la région de Nédroma ( Oran). QM fusilier d'une remarquable valeur professionnelle. A toujours fait preuve de magnifiques qualités de courage et de sang-froid. S'est particulièrement distingué lors de l'opération du 29 08 1956 dans la région de Nédroma, a été mortellement blessé alors qu'il emmenait son équipe a l'assaut d'un piton où se retranchaient de nombreux H L L fortement armés. Le QM fusilier CS KRYSHINE avait suivi le stage préliminaire du CS et le stage du CS N° 41 au centre Siroco du 01 11 1955 au 01 06 1956. Il a été affecté au 3 ème bataillon de la D B F M.

Siroco le 27 10 1956, PCC le CF GARNIER comandant le centre Siroco.

M M, C V M avec palme, Médaille coloniale, Médaille coloniale E O, Médaille commémoratrive indochine, citation à l'ordre de l'armé de mer -

Wladimir : matricule : 3417 T 47, musicien des équipages de la flotte ( 1947 à 1955), deux ans en Indochine de 1952 à 1954 . Embarquement sur le Jeanne d’Arc où les officiers lui ont fait miroiter un avancement plus rapide chez les fusiliers marins !!!!!!
Parti en Octobre 1955 à Siroco, il a terminé 10 ème de sa promotion .
Il a été affecté ensuite à la DBFM dans l’oranais .
Marié avec Yvonne avec qui il a eu trois enfants : Patricia, Françoise et Jacques.

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4) KRYSHINE Wladimir, QM fusilier CS, DBFM

 

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 MASINI Jean André , second-maître canonnier ®

 

 

le second-maître Masini Jean-André
Né le 24 12 1917 à Olméta-du-Cap ( Corse), inhumé à Marseille
Marié, un enfant : Aimé

 

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Fiche issue du relevé N° 17534 Olmeta-di-Capocorso – 2 B, monument aux morts

Informations :

Second-maître canonnier à la DBFM, mort à l’âge de 39 ans

Date du décès : 29 08 1956

Lieu du décès : Djebel Zakri ‘Algérie)

Références : bp03 - 804328

Blessé, abandonné sur place, a eu le temps de se faire un garrot sur sa jambe avec sa ceinture avant d'être lardé de 51 coups de poignard par les fells.

M M, C V M avec palme, citation à l'ordre de l'armée de mer - 

 

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                                   Masini Jean-André debout à gauche

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Corps des soldats morts en Algérie et ramenés à Marseille, parmi ceux-ci celui de Masini Jean-André

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Monument de la DBFM à Nemours

 

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 5) MASINI Jean André , second-maître canonnier ®

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MARIO Marcel Auguste Jean, maître canonnier ® DBFM

 

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Au centre le S/M Mario Marcel

Marcel_et_AngelleMarcel MARIO et son épouse Angèle

 

Fiche issue du relevé N° 16070 Valdeblore (06) Monument aux morts

Informations : Maître canonnier né le 09 04 1917 à La Bolline (06)

Date du décès : 29 08 1956

Lieu du décès : Djebel Zakri (Algérie)

Référence : bp 03 - 785676

Cours de C A T

École des fusiliers marins,  cours du C A T (49 ème session ), du 31 Mars au 23 Octobre 2008

Cours MARIO

Gradé d'une valeur professionnelle exceptionnelle, s'est particulièrement distingué lors d'une opération du 29 08 1956 dans la région de Nédroma  ( Djebel Zakri) où il a rempli d'une manière exemplaire son rôle de maître adjoint. Sa section étant durement engagée, a fait preuve des plus hautes qualités de courage et de bravoure. A été mortellement blessé alors qu'il montait à l'assaut pour la seconde fois. Cette citation comporte l'attribution de la croix de la valeur militaire avec palme. Par décret du 22 Décembre 1956, le maître Marcel MARIO, Mle 4460 T 35 a été décoré à titre posthume de la médaille militaire. Médaille commémoratrive 39/45 -

Le C/V Robert PELLEGRIN commandant l'école des fusiliers marins.

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Sa tombe au cimetière militaire

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Mario_Marcel_an_ce_obs_ques

La lignée des MARIO s'est éteinte après son décès, le petit neveu: PIETRI JL se souvient, alors qu'il n'avait que 3 ans, de la venue chez ses arrières- grands- parents, dans la maison familiale de Valdeblore, du receveur des postes bouleversé par l'arrivée du télégramme fatidique. Dans ce petit village d'une centaine d'habitants cette disparition a fait l'effet d'une bombe et tout le village s'est pressé devant la maison pour soutenir la famille éplorée.

 

Mario_Marcel_te_e_militaireMort pour la France A F N

Mario Marcel, embarquement sur le croiseur léger "La Galissonnière", revenu à la vie civile, il occupe un emploi de bureau à la ville de Cannes avant d'être rappelé sous les drapeaux pour rejoindre la D B F M en Algérie à la frontière marocaine.

lagalissoniere_v

"La Galissonnière " croiseur léger sur lequel était embarqué MARIO Marcel

6) MARIO Marcel Auguste Jean, maître canonnier ® DBFM

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SAROTTO René Pierre Félix, matelot armurier de 2ème classe, 3/ DBFM

 

Fiche issue du relevé N° 27364, La Garde Freinet- 83 Mémorial AFN

Informations : Matelot armurier au III/DBFM

Date du décès : 29 08 1956

Lieu du décès : Djebel Zakri, région de Nemours (Algérie)

Référence : bp 04 - 1411364

 

 

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Septembre 1956, René SAROTTO peu avant sa mort. Toulonnais travaillant à l'arsenal, il est ici de garde de jour sur le piton surplombant notre camp. Le 29 08 1956, au cours d'un assaut sur le djebel Zakri, comme moi tireur au fusil mitrailleur, il mourra à deux mètres de moi d'une balle reçue au-dessus du sourcil. Il fut ce jour là un des 16 morts français, plus 11 blessés, alors que les 60 fellagahs y restèrent tous. Des chasseurs à pieds y laissèrent, je crois, 6 des leurs. - (André Maurel)

 

Sarotto_ren__111Mort pour la France A F N

Photo transmise par André MAUREL, son ami

Service militaire, affectation sur le "Richelieu" du 01 03 1953 au 11 04 1953 et D C A Toulon, le 03 07 1954 il est libéré de ses obligations militaires.  Il est rappelé à l'activité et muté à la D B F M le 28 05 1956, tué le 29 08 1956 au cours de l'opération du Djebel Zakri. Citation à l'ordre de l'armée de Mer à titre posthume: "Lors de l'opération du 29 08 1956 dans la région de Nédroma, tireur au FM d'une section engagée pendant plusieurs heures, n'a cessé de servir son arme que lorsqu'il a été mortellement touché, montrant à tous les hautes qualités de bravoure, de sang froid et de sacrifice" - Décorations: M M, Croix de la Valeur Militaire avec palme,  citation à l'ordre de l'armée de Mer, M M  - Son décès est inscrit à la commune de Toulon

 7) SAROTTO René Pierre Félix, matelot armurier de 2ème classe, 3/ DBFM

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16 février 2008

Gomès-Corvez-Alibert-Inizan-Le Maoult-Leroux-Pierre-Merlin, Bazin, Darasse

 GOMES Lino, matelot fusilier, 2/DBFM

 

GOMES Lino - C V M

C V M à titre posthume - (Carole Gomes pour son grans-oncle, Gomes Lino) -

GOMES Lino1

GOMES Lino - (Carole Gomes pour son grans-oncle, Gomes Lino) -

lucas2009ter 059

La famille GOMES a payé un lourd tribut : 1944, 4 membres de la même famille sont tués au cours d'un bombardement allié, Lino est inhumé au cimetière de Faulx (54) - (Carole Gomes pour son grans-oncle, Gomes Lino) -

revue

18 0-9 1956, garde d'honneur sur le L S T le jour où les corps des tués du djebel Zakri sont rapatriés en France - (Carole Gomes pour son grans-oncle, Gomes Lino) -

Fiche issue du relevé N° 31698- Nancy 54 – Mémorial AFN 1952-1962, Nancy Thermal

Informations :

Matelot fusilier au II/DBFM , né le 23 04 1937

Date du décès : 29 08 1956

Lieu du décès : Djebel Zakri (Algérie)

Référence : bp 05 - 1514751

Fiche issue du relevé N° 37211 – Scrignac 29

COURS du B E

École des fusiliers marins, 176 ème session du 01 03 1976 au 01 07 1976 - Cours GOMES - Citation à l'ordre de l'armée de Mer du 27 11 1956, cette citation comporte l'attribution de la croix de la valeur militaire avec palme.Matelot fusilier GOMES Lino matricule 6034 T 54 de la D B F M . Jeune matelot fusilier plein de dynamisme et de sang-froid. A toujours donné à son équipe de voltigeurs l'exemple de courage et d'abnégation. Au cour de l'opération du 29 08 1956 au djebel Zakri a trouvé une mort glorieuse à la tête de ses hommes alors qu'il poursuivait un groupe de rebelles.

PCC le CC LAFON commandant l'école des fusiliers marins P.I.

GOMES LinoGOMES Lino 2Mort pour la France A F N

8) GOMES Lino, matelot fusilier, 2/DBFM

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CORVEZ François Marie , QM 2 fusilier, 1 :DBFM 

 

Informations :

Quartier-maître au I/ DBFM né le 12 05 1934

Date du décès : 29 08 1956

Lieu du décès : Djebel Zakri (Algérie)

Référence : bp 06- 1750985

COURS  B E

Lorient, école des fusiliers, session du 01 02 1973 au 01 06 1973 - Cours CORVEZ - Citation à l'ordre de l'armée de Mer à titre posthume décernée au QM fusilier CORVEZ François , matricule 4225 T 52 de la D B F M. Jeune QM fusilier remarquable par sa bravoure et par son ardeur combative. Le 29 08 1956 dans la région du djebel Zakri, au cours d'un accrochage à courte distance en terrain très touffu, s'est élancé à deux reprises sur un ennemi embusqué. Est tombé en pleine action, mortellement blessé donnant à tous le plus bel exemple de courage et de mépris du danger. Cette citation comporte l'attribution de la croix de la valeur militaire avec palme.

Le CF LAROCHE commandant l'école des fusiliers marins.

A effectué le stage commando Sfax du 01 02 1953 au 01 04 1953 et a été affecté au commando de Montfort à l'issue du stage

CORVEZ__Fran_oisMort pour la France A F N

9) CORVEZ François Marie , QM 2 fusilier, 1 :DBFM

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ALIBERT Jacques, EV2 ®, 3 /DBFM

 

Je n’ai pas ta photo, mais tu es dignement représenté par la statue du Fusilier Marin

Fiche issue du relevé N° 6007- Caluire et Cuire – 69 carré militaire

Informations : Enseigne de vaisseau au III/ DBFM - Chevalier de la Légion d’honneur, croix de la valeur militaire avec palme, né le 22 05 1930

Date du décès : 29 08 1956

Lieu du décès : Djebel Zakri, région de Nemours (Algérie)

Référence : bp 01 - 321275

Tué à bout portant d'une balle dans la pommette ( Maurel André)

COURS DE  BE

École des fusiliers marins, session du 01 10 1973 au 01 02 1974 - Cours ALIBERT -  Citation à l'ordre de l'armée de Mer décernée à titre posthume à l' EV de réserve ALIBERT Jacques du 2 ème bataillon de la D B F M ( D M du 27 11 1956). Enseigne de Vaisseau, chef de section a toujours fait preuve des plus belles qualités de sang-froid de courage et d'allant. Le 29 08 1956, lors de l'opération du djebel Zakri a été violemment pris à partie par des rebelles solidement retranchés et disposant de nombreuses armes automatiques. A été mortellement blessé en entraînant se section à l'assaut donnant à tous un magnifique exemple de bravoure et de sacrifice. Cette citation comporte l'attribution de la croix de la valeur militaire avec palme.

PCC le CF LAROCHE commandant l'école des fusiliers marins

2Mort pour la France A F N

Je n’ai pas ta photo, mais tu es dignement représenté par la statue du Fusilier Marin

10) ALIBERT Jacques, EV2 ®, 3 /DBFM

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INIZAN François, QM1 canonnier ® 2/ DBFM, second-maître à titre posthume

 

InizanMort pour la France A F N

Cours du certificat d'aptitude technique

École des fusiliers marins, 37 ème session, session du 04 01 2006 au 28 04 2006 - Cours INIZAN- QM Canonnier INIZAN François, matricule 180 B 48, QM canonnier d'un grand courage, possédait au plus haut point le sens du devoir. Chef d'une équipe de voltigeurs, est héroïquement tombé à la tête de ses hommes en fouillant un ravin boisé où une bande de rebelles s'était solidement retranchée donnant à tous le plus bel exemple d'esprit de sacrifice et de valeur militaire. Cette citation comporte l'attribution de la valeur militaire avec palme. Le CF Jérôme Mandin commandant l'école des fusiliers marins - M M, CG. TOE avec étoile, C V M avec palme, médaille coloniale E O, médaille commémorative Indochine, citation à l'ordre de l'armée de Mer- 

 

11)INIZAN François, QM1 canonnier ® 2/ DBFM, second-maître à titre posthume

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LeMaoult Antoine Joseph MarieMort pour la France A F N

12)LE MAOULT Antoine Joseph Marie, QM2 canonnier, 3 :DBFM

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2Mort pour la France A F N

Je n’ai pas ta photo, mais tu es dignement représenté par la statue du Fusilier Marin

Cours de B E

École des fusiliers marins, cours de B E, 266 ème session, session du 08 01 1996 au  03 05 1996, cours LEROUX. Citation à l'ordre de l'armée de mer décernée à titre posthume au matelot canonnier LEROUX Michel, Mle 30258 T 53, à la DBFM. Lors de l'opération du 29 08 1956, dans la région de Nédroma ( djebel Zakri), fusilier voltigeur d'une section durement engagée pendant plusieurs heures a fait preuve des plus belles qualités de courage et de sang froid. Remplaçant un de ses camarades au fusil mitrailleur, a été mortellement blessé alors que sa section donnait l'assaut d'un piton où se retranchaient de nombreux HLL. Cette citation comporte l'attribution de la croix de la valeur militaire avec palme.

Le C/F GRANDEMANGE commandant l'école des fusiliers marins.

13)LEROUX Michel, matelot canonnier DCA, 3/ DBFM

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2Mort pour la France A F N

Je n’ai pas ta photo, mais tu es dignement représenté par la statue du Fusilier Marin

Témoignage: il gisait la tête vers la pente, la poitrine percée de trois trous en diagonale, les grosses mouches bleues pompant ses yeux et ses narines, sa bouche ouverte... et je pleurais sans pouvoir m'arrêter - (Maurel)

M M , C V M avec palme, citation à l'ordre de l'armée de mer - 

 14) PIERRE Roger Gilbert Camille, matelot armurier, 3/DBFM

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2Mort pour la France A F N

 

Je n’ai pas ta photo, mais tu es dignement représenté par la statue du Fusilier Marin

15) MERLIN Roland Paul Guy, matelot sans spécialité, DBFM

C V M avec palme, citation à l'ordre de l'armée de mer - 

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2Mort pour la France A F N

Je n’ai pas ta photo, mais tu es dignement représenté par la statue du Fusilier Marin

École des fusiliers marins, cours du BE, 193 ème session su 01 05 1979 au 01 09 1979, cours BAZIN. Citation à l'ordre de l'armée de mer à titre posthume au S/M (R) BAZIN Michel Edmond, Mle: 3151 B 37 de la DBFM. Excellent S/M fusilier, s'est particulièrement distingué lors de l'opération du 29 08 1956 dans lé région de Nédroma, djebel Zakri. A entraîné avec calme et sang-froid ses hommes à l'assaut d'un piton où se retranchaient de nombreux HLL; Ne cessant le combat que mortellement blessé, a montré à tous les plus grandes qualités de courage et de sacrifice. Cette citation comporte l'attribution de la croix de la valeur militaire avec palme. PCC le C/F RAGUET, commandant l'école des fusiliers marins.

M M, C G 39/45 avec étoile - 


16) BAZIN Michel Edmond, second-maître fusilier, 3/ DBFM

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DARASSE Henry, Premier-Maître ( Bidel ) au commando Jaubert.

DARASSE Henri Rémy - Mle: 1287 T 36 - Premier-Maître -  Ecole des marins radiotélégraphistes (1936), sous-marin"Oréade" (1936/37), sous-marin "Sibylle" (1937/38), Marine Beyrouth (1938/41), FFI du Var puis FFI division Auvergne (1943/44), aviso dragueur "Annamite" (1944), patrouilleur "Dragon" (1945), école de gendarmerie d'Hyères et section maritime de Toulon (1946/47), il est réintégré dans le corps des équipages de la flotte, arrivé au CS comme S/M radio navigation et S/M écoute, cadre de maistrance du 25 05 1949 - Cdo au CS 15: 1949 - Confirmé Cdo au B S 14 en 1954 (Mortellement blessé en Algérie le 29 08 1956 au djebel Zakri, décédé des suites de ses blessures le 07 09 1956 à l'hôpital civil de Tlemcen)- Brevets et certificats obtenus: brevet élémentaire de radiotélégraphiste, certificat d'écouteur de bord, certificat de navigation sous-marine, CS fusilier, certificat de Cdo, BS fusilier, certificat de parachutiste, certificat d'appartenance aux F F I.Décorations: Chevalier de la L H, M M, Croix de la Valeut Militaire avec palme, Croix de guerre 39/45 avec étoiles, Croix de Guerre TOE avec palme, Croix du Combattant Volontaire 39/45, citation à l'ordre de l'armée de Mer.

Centre Siroco, école des marins fusiliers, cours du BE, session du 01 02 1957 au 01 07 1957, cours DARASSE. Citation à l'ordre de l'armée de mer à titre posthume. La Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur et la Croix de la Valeur Militaire avec palme ont été décernées au P/M fusilier commando DARASSE Henri, Mle: 1287 T 36 très gravement blessé au cours des combats du djebel Zakri (Dpt d'Oran)le 29 08 1956 et décédé le 07 09 1956 des suites de ses blessures. P/M fusilier commando de valeur exceptionnelle. A servi pendant 5 ans dans les commandos comme chef de section. Réunissant toutes les qualités du chef, combattant hors de pair, camarade admirable, a fait preuve lors des combats du Zakri le 29 08 1956 d'un courage et d'un sang-froid qui ont fait l'admiration de tous. Très gravement blessé au ventre, encourageait ses hommes à continuer le combat et à montrer à l'adversaire ce que valent les commandos. Est décédé le 07 Septembre des suites de ses blessures. Le P/M fusilier DARASSE avait suivi au centre Siroco le stage de CS et commando en 1949 et le BS 14 du 01 10 1953 au 01 04 1954. Siroco le 09 05 1957. PCC le C/F GARNIER, commandant le centre Siroco. - Son décès est inscrit à la commune de Ronchamp - (Jaubert du 11 01 1951 au 02 05 1952, du 19 06 1954 au 01 04 1956 et du 01 04 1956 au 08 09 1956 + 39/45 + Penfen du 04 10 1952 au 01 10 1953)

 C’était un homme sévère et il était préférable de ne pas trop se faire remarquer quand on avait envie de faire l’andouille. Ce fut notre premier mort au commando, ce 29 08 1956 au Zakri. Alors que toute la première section était planquée derrière les rochers (camouflage oblige), il était resté seul debout, courage ou inconscience ? il a reçu une balle en ricochet dans la boucle de son ceinturon, l’ensemble lui est entré dans l’estomac. Il est décédé des suites de cette blessure huit jours après.

Un mensuel" la guerre d'Algérie 54-62" relate: Hôpital de Nemours ... l'arrivée du second-maître infirmier NEDELLEC est utile pour l'équipe médicale. Il n'est pas anesthésiste, mais habitué au fonctionnement du bloc opératoire. L'antenne sera rapidement mise en fonction avec les grandes opérations, particulièrement celles du djébel Zakri. Parmi les grands blessés le 1er Maître Darasse, du Cdo Jaubert arrive transpercé de part en part. Des carences existent également au niveau de l'intubation permettant d'utiliser le curare et l'appareil d' oxygénation laisse à désirer. Pendant qu'on le prépare, Darasse se montre confiant: "Vous tremblez les gars, moi je ne tremble pas". A la caserne, au baroud ou à l'hôpital, il reste fidèle à lui-même, il aime à dire : "garez vos meules les gars, moi je me suis tiré de partout, campagne de France, Indo" avec un air mi ironique, mi méprisant que les commandos n'appréciaient guère. L'intervention se passe bien et après plusieurs jours de réanimation il est évacué sur Tlemcen, il y décèdera d'une crise d'urémie.
Pourquoi cet homme, guerrier émérite, ayant participé à la libération de la France occupée, bardé de médailles qui n'étaient pas usurpées, s'ingéniait-il à se faire détester par ses hommes ? explication simple: cet homme était Bidel du commando Jaubert, sous ses ordres 80 hommes certifiés "commandos marine", et le seul qui ne l'est pas, devinez?

Centre Siroco, école des fusiliers marins, cours du B E, session du 01 02 1957 au 01 07 1957 - Cours DARASSE - Citation à l'ordre de l'armée de Mer à titre posthume. La croix de chevalier de la légion d'honneur et la croix de la valeur militaire avec palme ont été décernées au PM fusilier commando: DARASSE Henry matricule : 1287 T 36 très gravement blessé au cours des combats du djebel Zakri ( Oran) le 29 Août et décédé le 07 09 1956 des suites de ses blessures; PM fusilier commando de valeur exceptionnelle. A servi pendant 5 ans dans les commandos comme chef de section. Réunissant toutes les qualités du chef, combattant hors de pair, camarade admirable, a fait preuve lors des combats du Zakri le 29 08 1956 d'un courage et d'un sang-froid qui ont fait l'admiration de tous. Très gravement blessé au ventre, encourageait ses hommes à continuer le combat et à montrer à l'adversaire ce que valent les commandos. Est décédé le 7 Septembre des suites de ses blessures. Le PM fusilier DARASSE avait suivi au centre Siroco le stage du CS et commando en 1949 et le BS N° 14 du 01 10 1953 au 01 04 1954.

Siroco le 09 05 1957, PCC le CF GARNIER, commandant le centre Siroco.

33Mort pour la France A F N

17) DARASSE Henry, Premier-Maître ( Bidel ) au commando Jaubert.

 

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Vous êtes tombés glorieusement sur les pentes du djebel Zakri ce 29 08 1956, un quarteron d’officiers supérieurs en avait décidé ainsi, c’était une guerre de bilans, l’occasion était excellente pour obtenir un avancement rapide. Que ne ferait-on point pour décrocher le grade de général ou d’amiral ?

 

Les corps furent d’abord inhumés au cimetière de la DBFM à Nemours ( aujourd’hui : GAZHAOUET)

 

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 Reposez armes

 

 

14 février 2008

Pourquoi, comment ???

Aujourd’hui je cherche à comprendre, quand on est militaire, dans le bas de l’échelle : « chercher à comprendre c’est commencer à désobéir »

Un jour j’ai osé dire , commandant : j’estime que…. Je ne suis pas allé plus loin pour m’entendre rétorquer : Balisson vous n’avez pas le droit d’estimer……

Aujourd’hui j’estime que celui ou ceux qui ont donné l’ordre d’attaquer cette bande de HLL par la DBFM ont failli à leur devoir.

Qui a pu donner cet ordre ? ? ?

Attaquer de front le 29 08 1956, une katiba fells sur le Djebel Zakri par des appelés du contingent de la D B F M ( demie brigade des fusiliers marins ).

Le Djebel Zakri ( côte 725) se situe à une vingtaine de kilomètres de Nédroma, un secteur particulièrement difficile géographiquement et une zone de grande tension.

Etaient présents sur ce théâtre d’opération :

- La 5 ème DB ( Colonel Simon de Carmejane-Pierredon)

- La DBFM ( CF Joybert et CF Frain de la Gaulayrie ( 32 ème et 33 ème compagnie)

- Le 1 er escadron du 2 ème régiment de spahis algériens ( RSA)

- Une compagnie du 254 ème bataillon d’infanterie ( BI)

- Le commando Jaubert

- Un Morane 500

- Huit hélicos S 55 et un Bell

- Le II/24 ème régiment d’artillerie ( RA)

( renseignements pris sur « LE  LIEN » magazine des fusiliers marins et commandos.)

Et je rajoute pour les avoir vus : l’aviation avec : les T6 et Mistrals

Comme c’est curieux ! le QM 2 Balisson Jean-Claude, matricule 8137 T 54 de la 2 ème section du commando Jaubert se trouvait à 400 mètres du lieu de l’accrochage en compagnie de la légion étrangère, attendant sagement le moment propice, ou pas, l’ordre de monter à l’assaut.

Mais pourquoi la légion étrangère n’est-elle pas citée ?

A l’heure à laquelle nous sommes partis en hélicos de Nemours ( vers 8 heures du matin) pour arriver vers 8h 40 ( LE LIEN) sur les lieux du crime, il est tout à fait possible que la distillation de la Pils ingurgitée la veille accompagnée de l’anisette et du gros qui tache de la région de Martimpré ne se soit pas entièrement dissipée, mais de là à confondre un képi blanc avec un casque lourd, une chéchia ou un couvre-chef de la biffe il y a un gouffre que je ne saurais franchir.

Toujours est-il que nous étions les seuls professionnels présents, la légion et Jaubert, c’était notre mission, notre combat.

Qui nous en a frustré ?

Qui en sont les protagonistes ?

La légion étrangère est le corps d’élite par excellence de l’armée française, son «  rouleau compresseur », que des engagés volontaires formés spécialement pour faire la guerre.

Les commandos marine sont également un corps d’élite de l’armée française, « la formule un », que des engagés volontaires formés spécialement pour faire la guerre.

Pourquoi ne pas les avoir utilisés ?

Si j’en crois une citation à l’ordre de l’armée – décision N° 4 – BOMR N° 8 du 21 03 1957, il y a tout lieu de penser que ce récipiendaire n’était autre que le général de brigade ( à l’époque colonel, commandant provisoire de la 5ème DB), Simon de Carmejane- Pierredon.

- Citation à l’ordre de la division- 1926

- Citation à l’ordre du corps d’armée – 1926

- Croix de guerre 39-45

- Croix de guerre des TOE

- Croix de la valeur militaire

- Croix du combattant

- Médaille coloniale Maroc-Indochine

- Médaille commémorative Grand Liban

- Médaille commémorative Syrie-Cilicie

- Médaille commémorative 39-45

- Médaille commémorative Indochine

- Médaille commémorative du maintien de l’ordre AFN

- Officier du mérite agricole

- Citation à l’ordre du corps d’armée –1929

- Citation à l’ordre de l’armée –1932

- Chevalier de la légion d’honneur – 1932

- Citation à l’ordre de la division – 1941

- Citation à l’ordre du corps d’armée – 1941

- Officier de la légion d’honneur – 1944, ( comme quoi !!!)

- Citation à l’ordre de l’armée, N° 148

- Citation à l’ordre de l’armée –1945

- Commandeur de la légion d’honneur - 1951

- Citation à l’ordre de l’armée – 1952

- Citation à l’ordre de l’armée – 1953

- Citation à l’ordre de l’armée – 1957 – Djebel Zakri ??????

- Grand officier de la légion d’honneur – 1958 ( CQFD)

Concernant la citation à l’ordre de l’armée- 1957 ( Djebel Zakri) je cite :

1956- Juillet – prend provisoirement le commandement de la 5ème DB et du secteur Nord de la zone opérationnelle de l’Ouest-Oranais jusqu’en Février 1957. Repasse commandant en second à l’arrivée d’un général affecté au commandement de la 5ème DB.

Citation : Commandant le secteur Nord de la zone opérationnelle de Tlemcen depuis 5 mois a confirmé une fois encore ses exceptionnelles qualités de chef de guerre. Particulièrement énergique, manœuvrier de grande classe, a obtenu dans un terrain difficile, des succès très importants face à des bandes rebelles nombreuses et aguerries. A commandé personnellement plusieurs opérations et en particulier celle du Djebel Zakri le 29 08 1956 qui a abouti à la destruction totale d’une bande très importante dotée d’un armement moderne. A parallèlement mené dans d’excellentes conditions un très gros travail de pacification.

Je cite «  Le LIEN »  Les pertes amies : 3 officiers, 3 officiers mariniers, 10 quartiers-maîtres et matelots ainsi qu’une dizaine de blessés…. Pénible impression d’avoir payé très cher pour essuyer les plâtres si on peut dire… ( CC Servent)

Qu’a voulu dire le CC Servent ? que sous-entend le CC Servent ? Essuyer les plâtres ne signifierait-il pas en terme moins académique : connerie ?. Ce fut une monumentale erreur d’appréciation , les HLL étaient bien planqués sur une arête rocheuse, cachés et abrités derrière d’énormes blocs de roc, un fort Knox en quelque sorte et malgré un matraquage intensif de l’aviation ( T6,et les premiers avions à réaction) et un quadrillage de 155, la quasi totalité des HLL est restée indemne. Quand on écrit que ce fut un manoeuvrier de grande classe , j’en pisse de rire, en fait il faut savoir lire entre les lignes, ce qui donne en langage clair pour le pauvre glandu sur le terrain : un incompétent notoire.

Le CC Servent ne dit pas tout, il sait des choses qu’il ne peut pas dire, ces choses mêmes que je sais et que je peux dire, que je vais dire.

Revenons à la citation à l’ordre du corps d’armée N° 38 A , homologuée au JO le 5 décembre 1941 et accordée à notre « ami » Simon de Carmejane-Pierredon

« Chef de cavalerie qui a déjà donné sa mesure dans le passé. Esprit vif et clair, d’un courage calme et réfléchi. Recevant le 7 Juillet à 18 heures l’ordre de monter une contre-attaque blindée pour dégager des éléments encerclés dans le village de Damour, a rempli cette mission dans un minimum de temps, rétablissant ainsi une situation gravement compromise »

Cette citation a été obtenue en Syrie contre les troupes gaullistes et Anglaises, celles-là mêmes qui combattaient l’envahisseur honni, qui de par leur courage et leur abnégation redonnaient un espoir et rendaient l’honneur à la France et aux français.

Il a plus précisément affronté les australiens qui ont percé à Damour, 30 000 soldats français vichystes ont combattu les forces franco-britanniques, bilan de cette opération :

- 1066 tués et 5400 blessés du côté des forces du général Dentz

- 650 tués et blessés pour les FFL

- 4060 tués et blessés pour les britanniques

Les ralliements à la France libre sont maigres, 5500 hommes dont moins de la moitié sont métropolitains.

Il fut donné le choix aux troupes vichystes, vaincues par la détermination de nos FFL, d’opter pour un enrôlement dans ces forces libératrices ou d’être rapatrié en France.

Notre « ami » a donc choisi la seconde solution et a été affecté à la direction des services de l’armistice à Vichy… Ce fut donc un collabo ….

Je suis impressionné, pas vous ? par ce placard de médailles et l’on peut imaginer un instant que si les russes en 1942-1943 n’avaient pas fait le forcing notre énergumène aurait certainement réussi à être décoré de la croix de fer. Et pourquoi n’a-t-il pas obtenu, tout comme un ex-président de la République française, la Francisque ?

Donc en admettant que notre ex- pétainiste ait eu à commander ce secteur, ce serait donc lui qui a donné l’ordre d’attaquer au Zakri, soit….

Mais qui avait-il avec lui ou en face de lui ? le pacha de la DBFM, Ponchardier (Pompon ou Ponch), figure emblématique de la marine, compagnon de la libération, résistant, commando SAS – B, première unité des troupes aéroportées à être présente sur le sol indochinois. JE CITE: PONCHARDIER en Indochine: "Une force de la nature, énorme, puissante, une force qui écrase, un regard d'acier, une volonté de fer. Sa devise: "J'amais vaincu", et c'est la vérité. Partout où le commando Para est passé, jamais une défaite, et surtout un minimum de perte, car le pacha avait cette préoccupation constante: "Ne pas construire sa réputation sur le sang des autres". Ô rage! Ô désespoir! Ô vieillesse ennemie!, dix ans après, il n'avait plus la même équipe de volontaires commandos parachutistes, il commandait des appelés et des rappelés, de bons pères de famille qui n'avaient pas demandé à venir combattre, ils n'étaient ni commandos, ni parachutistes et avaient suivi en tout et pour tout un mois d'entraînement avant d'être confrontés aux dures réalités de la guerre.

A mon humble avis ce Carmejane ne faisait pas le poids, d’un côté un guerrier, de l’autre un minable, et à grade égal je ne vous dis pas les tensions…

S’il faut reconnaître à Ponchardier une extraordinaire valeur de guerrier, il n’en reste pas moins qu’en l’occurrence, ce jour là il a commis une bévue, l’erreur fatale qui allait coûter la vie à 10 appelés du contingent, 3 officiers et 3 officiers mariniers.

On peut admettre également qu’il n’ait pas été totalement informé de la situation exacte, que le pacha du troisième bataillon de la DBFM, Frain de la Gaulayrie ait fait en sorte de minimiser l’importance du groupe de HLL, de croire que le matraquage avait anéanti une grande partie de la position et qu’un assaut de la DBFM serait synonyme d’avancement et de reconnaissance, c’est aussi cela l’armée de métier.

Mais ce ne sont que des suppositions, on connaît les décideurs sans pour autant déterminer qui est réellement à l’origine de ce massacre, la grande muette gardera son secret, on se bornera , tout comme « Le Lien » à maquiller l’histoire, la retracer dans les grandes lignes en occultant les faits réels, en transformant les incompétences des gradés, les inaptitudes des chefs en victoires éclatantes, bilan à l’appui……

Le Maréchal de l'air, Alan Brooke, observateur perspicace de la faiblesse humaine a écrit:  "Il est étonnant de voir à quel point les hommes peuvent être mesquins et petits dès lors que l'on aborde les questions de commandement" Juin 1944

Je cite, « Le Lien » : Le II/24 RA vient d’accrocher une bande de 40 à 50 hommes .

Plus loin à l’heure du bilan : 61 rebelles tués, 3 blessés graves emportés par leurs camarades, d’autres n’ont probablement pas été identifiés……

Combien étaient-ils en vérité ? C’est la même question que l’on se pose au sujet du 747 qui s’est écrasé sur le pentagone, on n’a pas retrouvé la trace d’un seul des quatre réacteurs de cet avion qui, pourtant mesuraient 3 mètres de diamètre chacun…..

J’ai évoqué précédemment le rôle de l’aviation avec l’intervention des T6 de la marine, superbe travail quant à la précision , pour ce qui concerne l’efficacité, elle a été quasi nulle considérant le relief du terrain. D’autres avions firent leur apparition, et ce, pour la première fois dans ce conflit, des avions à réaction ,aucune de leurs roquettes n’a atteint le but, on se planquait pour éviter les éclats……A défaut du laser totalement méconnu à l’époque, pourquoi ne pas avoir « déposé » un machin truc chouette au napalm, bien sûr les communistes de France et de Navarre se seraient insurgés, auraient transmis un compte-rendu au KGB, la France colonialiste au banc des accusés. Certes on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs, moi je l’aime bien cuite…..

Et maintenant passons à l’action proprement dite : Tara,tara,tara ,tata, en avant, à l’assaut, sus aux rebelles, aux armes citoyens, pour le pays pour la patrie mourir bien loin c’est nous les africains…… C’est la pagaille complète, des morts, des blessés, la compagnie de la DBFM recule laissant sur le terrain deux fusils mitrailleurs, les HLL s’en emparent. Ce n’est pas dit, et puisque ce n’est pas dit c’est donc tu. Je ne vous dis pas la merda complète. Tout l’encadrement, officiers et officiers mariniers pour la plupart fusiliers et commandos, jeunes CS, restés seuls au contact se font dégommer comme à la foire.

Il faut un certain temps ( comme le fût du canon pour refroidir) pour réorganiser une nouvelle attaque, la leçon n’a pas servi, on envoie les mêmes et on recommence, il commence à se faire tard, , quelques escarmouches au crépuscule des dieux, la nuit tombe sur les dépouilles des belligérants, les fells en profitent pour se défiler et rompre l’encerclement.

Je cite « Le Lien » : Les fusiliers marins ont à cœur de faire payer à ceux d’en face la perte des copains ». Ca fait bien, 51 ans après d’écrire cette phrase, le pauvre clampin que l’on a arraché de sa campagne natale, en pleine saison des moissons, à qui l’on confie un FM pour aller rétablir l’ordre dans un pays qui n’est pas le sien, un pays hostile, huit millions d’autochtones qui n’ont pas la même religion, les pieds noirs qui, pour la plupart manifestent des intentions désobligeantes, voire agressives et qui, juste avant d’aller se faire tuer jette un regard désabusé, désespéré sur le commando Jaubert et les légionnaires , ces mercenaires, ces criminels, qui tapent une belote en attendant la fin des hostilités.

 Récit du Zakri vu par « Le Lien N° 59 »

Le 29 Août au matin… C’est sur l’ordre de la 5ème DB qu’une opération est lancée dans le but de nettoyer le douar Djelaba et neutraliser l’organisation politico-logistique. La DBFM aligne pour cette opération un groupement placé sous les ordres du CF Joybert. Participent également le 1er escadron du 2ème régiment de spahis algériens ( RSA), une compagnie du 254ème bataillon d’infanterie (BI) sous les ordres directs du commandant de l’opération et le commando Jaubert.

La mission : capturer le chef de l’organisation rebelle.

L’ appui aérien est assuré par un Morane-500 ainsi que par huit hélicoptères S-55 et un Bell.

A 6,00 heures une section de Jaubert investit Mfisa pour arrêter le chef fell… Chou blanc…Dans le même temps, le reste du dispositif progresse pour effectuer le bouclage de la zone. Le groupement de Frain est rapidement au contact. Il signale d’un côté une trentaine de rebelles armés qui tentent une progression vers une position du II/24 ème régiment d’artillerie. La section la plus à droite de la 32ème compagnie est sérieusement touchée. La radio ne cesse de crépiter ; Le II/24 RA vient d’accrocher une bande de 40 à 50 hommes au nord de la côte.

Le Morane 500 annonce qu’il est touché. Ayant effectué un passage bas, un tir de FM l’a atteint au moteur. Il se pose sans trop de dégâts : un cylindre percé une durit d’essence crevée, tuyautages et tubulures endommagés, quelques petits trous mais l’équipage est indemne.

 Toute l’action se joue dans le secteur du djébel Zakri. Le terrain est accidenté, couvert d’arbres et, pour compliquer un peu plus les choses, les routes et pistes ne mènent jamais où on le désire… Les chars ne progressent qu’à grand peine.

Heureusement les spahis sont de bons pilotes et leurs tirs sont précis.

Vers 8h40, une section de Jaubert est héliportée sur la côte tandis qu’une autre de la 33ème compagnie est dépêchée en renfort de la 32ème qui ne parvient pas à déborder sa position. D’après la radio, ça bouge de partout ! les artilleurs ont terminé leur bouclage tandis que les spahis se portent au secours de la 33ème.

Les fusiliers marins à l’assaut…

A midi, Frain de la Gaulayrie diffuse ses ordres pour balayer toute résistance sur la côte 890 : une section de la 33ème va se mettre en appui sur la crête à l’ouest de la côte. Le II/24ème RA se tient en appui de feu au sud-ouest alors que les trois autres sections se mettent en ligne de manière à encercler la zone par le sud et le sud-est. La manœuvre n’échappe pas aux fells qui font mouvement vers le nord-est. Après quelques salves d’artillerie, la 33ème et le II/24 RA entrent dans la danse avec des tirs de neutralisation afin de couvrir l’assaut des trois sections de la 33ème . Les fusiliers marins ont à cœur de faire «  payer à ceux d’en face » la perte des copains. Ils foncent lâchant des rafales, nettoyant les verrous adverses à la grenade.

Un à un les nids de résistance sont submergés ; L’odeur de la poudre, la fumée, les cris…une sorte d’hystérie collective semblant annihiler toute notion de peur, fait que, sans s’en apercevoir, ces jeunes soldats, l’index crispé sur la détente, vont fouiller les buissons, chaque recoin de ce terrain pendant plus d’une heure. Il est 13h30, « Autorité » donne l’ordre de stopper momentanément ; Un hélicoptère se pose quelques instants pour ravitailler en munitions. Le nettoyage des ravins va pouvoir commencer…

Le bilan du Zakri :

61 rebelles tués et 3 blessés graves emportés par leurs camarades ; D’autres n’ont probablement pas été identifiés… 22 suspects sont fichés et arrêtés, 250 retenus ; Les armes récupérées : 2 FM, 23 fusils de guerre de diverses origines, 6 PM, deux fusils de chasse, 4 pistolets, des tas de munitions, des grenades et fait plus étonnant, des pains de plastic, du cortex, des détonateurs et des dispositifs de mise à feu.

Les pertes amies : 3 officiers, 3 officiers mariniers, 10 quartiers-maîtres et matelots ainsi qu’une dizaine de blessés… Pénible impression d’avoir payé très cher pour essuyer les plâtres si l’on peut dire ( CC Servent).

Et voilà une belle bataille qui sent la poudre, la fumée, la rage de vaincre, jeunes soldats sans peur et sans reproches l’index crispé sur la détente, ce qui est faux, il faut dire la queue de détente . Et c’est précisément dans ce nettoyage de ravins, au crépuscule, que l’encadrement

( Officiers-mariniers et QM fusiliers commandos) va subir les plus lourdes pertes.

La même opération vue et « vécue » par le QM2 Balisson Jean-Claude du commando Jaubert, présent sur les lieux, même jour, même heure.

 

 

 LE NIVELLE DU DJEBEL ZAKRI

1956 Nemours,

Branle-bas de combat, pas plus de 10 minutes pour s’équiper, apparemment ça urge.

On grimpe dans les camions, la routine, direction le terrain d’aviation de Nemours et embarquement dans les hélicos - Sikorski - une première, c’est surprenant, valorisant et inquiétant tout à la fois. Il doit y avoir du grabuge quelque part avec une concentration importante de HLL.

Le djebel défile sous les hélicos bruyants et poussifs, ils ne sont pas de la première jeunesse, un groupe pas plus avec armes sans bagages.

Une heure de vol, c’est long, un dernier coup d’oeil sur nos armes, pas de supputations bien que ne sachant rien sur la mission qui nous est confiée, nous gardons le silence, portes ouvertes, le bruit assourdissant du moteur et des pales couvrirait nos voix.

Dans ces moments d’attente forcée, il est faux de dire qu’il n’y a pas une montée en charge d’adrénaline canalisée par un esprit de groupe, par le désir de faire au mieux, d’être à la hauteur, non pas un héros mais un soldat et un commando.

L’hélico ne se pose pas, le terrain est trop accidenté, nous sautons, pas de casse, les chevilles sont rôdées.

Tout est calme alentours, néanmoins l’art du camouflage étant omniprésent, le moindre rocher, le plus petit buisson sont occupés à bon escient.

La première section est désignée pour reconnaître le terrain, toujours la première section, un brin de jalousie règne à Jaubert, la première est chouchoutée.....

Quelque 300 mètres de progression et c’est l’accrochage, une katiba bien planquée sur un mamelon rocheux prend à partie la section commandée par l’adjudant Darasse

. Ce valeureux guerrier haranguant sa troupe au mépris du danger est touché au ventre,une balle frappe la boucle de son ceinturon provoquant l’écrasement de l’ogive, ce qui commettra des dégâts irréparables, il mourra quelques jours plus tard à l’hôpital.

La section est clouée au sol par le tir intense et précis des HLL .

Des tirs d’artillerie pilonnent les Fells et la chasse mitraille le nid de résistance. Des renforts arrivent, la DBFM ( demi-brigade de fusiliers marins), nous sommes dans leur secteur, puis la légion étrangère qui vient fraterniser avec les autres sections de Jaubert à l’écart de la fusillade.

Bien entendu, Cdos marine et légionnaires attendent la fin du pilonnage pour monter à l’assaut et il nous paraît évident que ce seront les commandos marine qui ouvriront le bal.

C’était un bien mauvais calcul.

Il faut savoir pour les non-initiés que la DBFM était composée de marins appelés, encadrés par des engagés issus des Cdos marine et fusiliers marins engagés et que le pacha de la DBFM commandant le secteur fait sa guerre et veut sa victoire avec des médailles et de l’avancement. On l’appellera X pour ne pas salir la mémoire de l’homme valeureux qu’il fut en Indochine, mais en cet instant précis il a trahi la devise :

HONNEUR, PATRIE, VALEUR, DISCIPLINE.

Ce fut un héros en Indochine, avec ses hommes surnommés les "Tigres", tous engagés volontaires, tous commandos, tous brevetés parachutistes, formés en Angleterre pour les uns, en Algérie pour les autres, en 1943/45, avec des stages de jungle à Ceylan avant de rejoindre l'Indochine, de vrais soldats aguerris, des baroudeurs - Ce fut la faillite en Algérie avec des marins appelés dont ce n'était pas leur guerre, avec des rappelés qui avaient déjà effectué leur service militaire, travaillaient dans le civil, étaient mariés et avaient des enfants. Ils sont arrivés à Siroco en civil et après un mois d'instruction, envoyés au baroud. Ce fut l'accochage de trop.....

Après plusieurs heures de matraquage intense et ininterrompu, quel beau tableau de chasse que tous ces Fells hors d’état de nuire, toutes ces armes récupérées, une belle photo en vérité.

Il se fait tard, la nuit ne va pas tarder à tomber, vite il faut en finir, une compagnie de la DBFM se déploie et monte à l’assaut du piton pentu. La fusillade se déchaîne, les rebelles bien abrités derrière d’énormes blocs de rochers n’ont guère souffert des obus des artilleurs et des roquettes des aviateurs. Sous un feu d’enfer, les fusiliers marins tombent comme des mouches et se débandent, un deuxième assaut avorte, la résistance est bien trop forte et ces jeunes soldats arrachés à leur foyer après quelques mois de classe vont mourir sur les pentes noyées de soleil du djebel Zakri.

Jaubert a assisté au massacre, nous pleurons de honte et de colère, les officiers de la légion sont écoeurés, le légionnaire reste calme, résigné mais méprisant.

La nuit tombe, il est hors de question d’envisager une autre attaque, il nous faut resserre le bouclage pour tenter d’intercepter la bande de HLL qui à la faveur d’une nuit noire passera au travers des mailles du filet.

· Bilan de l’opération : 16 morts chez les fusiliers marins.

· Morts pour la France

· Morts sur la terre d’Algérie

· Morts pour rien

· Morts par bêtise criminelle

Cet officier supérieur est devenu amiral, je présume, convaincu d’avoir fait son devoir de soldat, il dort certainement paisiblement.

J’allais oublier, autre bilan de cette opération :

· Trois belles dindes venues de je ne sais où, se pavanent à proximité d’une section de la légion. On entend le halètement des hélicos au loin, les légionnaires dans un mouvement tournant bien orchestré encerclent les dindes, mais ordre leur est donné de ne pas inquiéter ces charmants volatiles, et c’est avec assurance et sans vergogne que nous nous emparons du trio glougloutant de gallinacés.

Nous embarquons dans les hélicos sous les yeux stupéfaits et médusés de la légion. Contre mauvaise fortune, bon coeur, ils nous souhaitent bon appétit en plusieurs langues, on leur revaudra ça.

Quelques jours plus tard, le pacha me fait appeler et me passe un savon, il a reçu un courrier de mes parents qui s’inquiètent, leur fils n’a pas donné de ses nouvelles depuis deux mois et la presse a fait état du triste bilan de cette malheureuse opération, en occultant bien évidemment la vérité.

Chers parents, c’est grâce à l’immense mansuétude du commandant X que je lui dois d’être encore de ce monde et pour avoir épargné si généreusement la vie des commandos marine et des légionnaires, nous lui décernons, à titre exceptionnel la croix du déshonneur. Fermez le ban .

 

 Témoignages

Courrier envoyé le 19 11 2007 par Madame Michèle RICHARD une cousine de Didier GARDAIR :

Didier GARDAIR, né à Toulon le 11 Juillet 1932, a fait ses études secondaires au lycée Montaigne à Bordeaux ; Il est reçu à l’école navale en Octobre 1952. Après la croisière sur la Jeanne, il est enseigne de vaisseau et embarque sur le porte-avions Arromanches. Il est ensuite désigné pour la DBFM à Nemours le 9 Juillet 1959 ; Il s’était marié le 3 Août 1955 et avait appareillé de Toulon je jour de la naissance de sa fille, le 22 Mai 1956. Il ne fit sa connaissance que fin Juin, 15 jours avant son départ pour l’Algérie. Après un mois à Nemours il fut demandé au choix comme officier en second de la 24ème compagnie du 2ème bataillon par le commandant, le LV Farges qui l’avait connu et apprécié sur l’Arromanches. Il fut inhumé avec les honneurs militaires à Nemours le 30 Août . La cérémonie religieuse eut lieu le 6 Septembre 1956 à Saint Emilion où il est inhumé.

Sa femme s’est remariée avec un charmant garçon que je n’ai vu qu’une seule fois. Je sais qu’il a élevé la fille de Didier avec ses autres enfants. Je n’ai pas de photo de Didier.

Merci monsieur de votre compte-rendu sur cette opération, j’avoue que je n’imagine pas la réalité des faits. Je comprends que votre honnêteté et les souvenirs de la guerre vous incitent à chercher la réalité des faits, cependant cela ne changera rien et ne fera pas revivre les morts.

 

Mardi 18 12 2007 – Témoignage de Louis PEDRENO :

Navigant au long cours, à 20 ans et 15 jours je suis incorporé en tant qu’inscrit maritime à la base d’Hourtin ; Nous étions dans le bâtiment des inscrits maritimes, des gars qui avaient déjà quelques années d’expérience ( pour ma part : 6 ans).

Nous étions à 90% d’origines modestes et avons vécu à l’armée avec 12 francs et 16 paquets de troupe par mois. Les quelques autres qui se sont retrouvés avec nous étaient également dans la vie professionnelle. Je pense que cet état d’esprit du départ, de gens qui en avaient déjà bavé nous a permis d’être plus soudés pour passer ces graves moments que nous avons vécus.

Pour nous les longs courriers, le changement de vie fut de 0 à 180°, sur les bateaux nous avions le grand confort, surtout à l’époque ( air conditionné, douches à volonté, bibine, tabac, argent et pour nous les mécanos, bouffe raffinée ………

Après quelques jours passés à Hourtin nous avons su que nous serions dirigés vers l’Algérie, donc manœuvres dans et hors caserne, maniement d’armes, démontage et remontage à vue et les yeux bandés, tu vois la préparation pour des gars qui doivent partir au barouf et qui n’étaient pas venus pour ça ;

Je suis sorti premier de l’école de la marine marchande à Sète en tant que mécano et naviguait comme tel, quand il nous a fallu passer le BP, avec ou sans je connaissais ma destination, aussi j’ai fait l’idiot et je ne l’ai pas eu.

D’Hourtin, direction Toulon où nous embarquons sur le ‘Richelieu » qui effectuait son dernier voyage pour rejoindre Brest. Nous débarquons à Casablanca et sommes affectés à l’amirauté en tant que compagnie de protection, là le bourrage de crâne était plus important, nous allions jusqu’à faire des entraînements de tir à balles réelles en courant dans la cour, au fond de l’amirauté. Nous en sommes partis en train pour rejoindre Arzew au retour d’exil de Mohamed V, puis Nemours en L C M et immédiatement Béraoun.

Béraoun, juste le temps de se familiariser avec l’ambiance, tu sais quand tu montes de Nemours, Béraoun est à gauche de la route, juste en face il y avait un poste de Harkis, un peu plus en contrebas de ce poste un petit village. Suite à l’attaque du poste de Harkis, Béraoun a été vidé de tous ses habitants et le petit village massacré en représailles par la légion et autres, ce fut mon premier contact avec la mort.Au cours d’une patrouille nous avons traversé ce village, les cadavres en décomposition étaient restés sur place, et malgré le foulard sur le nez dans lequel on mettait des feuilles de menthe, c’était infect.

Quelques jours après nous nous sommes implantés sur le piton d’Azzouna ( trois mois) qu’il nous a fallu organiser , barbelés, tranchées, monter les tentes marabout avec les lits picot ; Nous n’avions pas d’eau, la bouffe sur une roulotte de campagne ou rations. Opérations et gardes en permanence étaient notre lot.

L’esprit était bon, nous avions 20 ans et nous nous sommes soudés devant l’adversité comme je te le dis plus haut, il est vrai que le bourrage de crâne que nous avions reçu u était certainement pour quelque chose. Personnellement je n’était plus le même, on tirait sur tout ce qui bougeait. A la  défense de nos deux principaux officiers, Ponchardier et Langlet, ils étaient avec nous en opération, Ponchardier souvent, Lamglet tout le temps.

Puis nous sommes partis un peu partout :

- Ferme Peret, là c’était la garde de jour et embuscades toutes les nuits

- Le palmier d’Abdelkader, Km 24 où se trouvait un poste d’artilleurs pour la frontière marocaine, là aussi embuscades toutes les nuits, les artilleurs étaient contents de nous avoir car eux n’avaient que des balles à blanc comme munitions. Nous, on ne regardait pas à la dépense, il nous arrivait même de chasser le pigeon au fusil ou au pistolet. Nous avons fait le djebel Amour avec la légion, quelques héliportages avec les bananes ou les sykorski , mais très peu : Marnia, la Gare ……..

Opération du djebel Zakri

Dans ce djebel nous y avions déjà fait plusieurs opérations avec l’aviation en soutien ;

Ce 29 08 1956, nous sommes partis en opération, nous les matelots n’étions pas au courant de la destination ni de l’importance des troupes engagées.

Avec la 24 ème compagnie, principalement la section dans laquelle j’étais tireur au FM nous ratissions le terrain, avec sur notre gauche la légion, tous les villages sur notre passage étaient minutieusement fouillés, maisons, silos à grain où certaines fois les fellous se cachaient, les meules de fion ou de paille tenues par des tresses et des cailloux étaient mises à feu. Quelques accrochages avaient déjà eu lieu, ma section avait fait un prisonnier, un fellous portant un sac à dos contenant des médicaments que nous n’avions pas, tels de forts stimulants . Il a été envoyé à l’arrière pour interrogatoires ; Ainsi une grande partie de la journée s’est passée entre accrochages, ratissages et crapahutages.

En milieu de l’après midi, nous surplombions l’oued du djebel Zakri, nous pouvions voir sur notre gauche une paire de blindés qui soi disant étaient aux spahis.

Nous étions dans ma section un petit groupe au milieu des autres et faisions très attention, comme une unité de combat.

Au bout d’un certain temps nous avons fait mouvement pour nous positionner sur la piste qui surplombe l’oued ( consignes d’attention redoublées), les blindés et la légion s’étaient retirés, nous n’étions que des fusiliers marins, (1) a légion il fut fait un grand encerclement, nous avons vu au fond de l’oued des fellous qui essayaient de filer, alors ça a commencé.

On nous demanda de descendre, au milieu des arbres on était groupé surtout la batterie de FM, il nous fallait faire attention car les voltigeurs eux, manoeuvraient plus rapidement que nous ; Dans une traversée de clairière nous avons été sulfatés par deux ou trois fellous qui nous ont tenu à terre un bon moment derrière de petits rochers et nous allumaient à chaque mouvements, une autre section les a pris à revers et les a délogés.

On pourrait raconter un tas d’anecdotes : celle du fellous ( il faut dire que dans cet oued ils étaient en grande partie terrés sous les arbustes) qui voyait le lieutenant et un QM jeune engagé dit à ce dernier : pousse-toi petit, ce n’est pas toi que je veux, le QM lui ,a alors vidé son chargeur dessus.

Ce fut le moment où arriva l’ordre de repli que nous avons tous fait avec crainte et doucement au cas où il y en aurait d’autres, ce qui est normal, nous venions de vivre des moments assez forts. Le retour fut assez triste, la fatigue et nous avions appris par « radio coursive » que 82 fellous avaient été mis hors de combat mais que nous avions laissé 22 des nôtres, pour la première fois j’ai eu cette pensée : descendre le fellous que nous ramenions.

Retour à Béraoun, nous n’étions pas de garde ce soir là, je pense que nous avons discuté très peu de notre journée, bu une bière ( celui qui en avait) et dormi dans notre mechta sur les lits picot. Par la suite nous avons continué nos patrouilles, embuscades et autres. Partis à la gare de Nédroma où quand même là nous étions plus tranquilles, nous ne faisions que la garde de la gare.

J’ai connu à Béraoun les commandos Jaubert, De Penfentenyo, Yatagan, également la salle de torture et la corvée de bois.

Ma période en Algérie n’a pas été des plus belles, nous avons déblayé le terrain, nos campements étaient très rustiques, il n’y avait pas de réfectoire, on se débrouillait, les chiottes étaient creusées dans la terre ( deux planches et un sac), l’ensemble fut une dure épopée que j’ai essayé d’occulter, les copains étaient vraiment des copains, j’en ai rencontré très peu, j’essaie maintenant de les retrouver, mais je crois que le temps est passé.

J’ai été cité à l’ordre du régiment, décoré de la croix de la valeur militaire avec étoile de bronze. La marine m’a envoyé la médaille et la citation, mais je n’ai jamais été décoré. Je n’ai porté que les barrettes lorsque je me suis retrouvé embarqué à mon retour d’Algérie sue le « Chevalier Paul », ce qui m’a permis une sorte de respect des autres membres de l’équipage et de certains officiers. Nous étions les premiers à revenir de là-bas.

 

12 février 2008

Les rescapés parlent

Photos envoyées par PEDRENO Louis

 

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1)Voilà qui confirme que l’ordre a bien été donné à la DBFM de donner l’assaut final, mais par QUI ???

Témoignage du matelot d’équipage de réserve, GRIMAUX Michel matricule 8129 T 52 du 2ème bataillon de la DBFM

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                                 Marnia, Nédroma 09 1956

 

 

 

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La photo (1952)

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17 12 2007 ,

Jean-Claude Balisson, à mon tour de te saluer, suite à notre conversation téléphonique de l’autre jour je vais essayer de faire un effort de mémoire en me reportant 51 ans en arrière ! un rien, mais l’important n’est-il pas d’être là, ce qui suit hélas ne me contredira pas.

D’abord une petite info sur ma personne : à savoir que (comme tous les retraités) je suis assez pris par diverses occupations : Président adjoint et secrétaire général d’un grand club sportif de plongée sous-marine ( 250 licenciés), autrement dit deux casquettes et bien entendu aucune paye.

J’ai ce Week- end effectué quelques recherches dans mes archives afin de pouvoir y joindre documents et photos.

Comment commencer ? comme je pense te l’avoir dit par téléphone, il est bien évident que c’est bien plus simple en paroles qu’à écrire ! Allez, j’y vais, la préface étant faite.

Comme certains veulent être pompiers ou aviateurs, à l’âge de 5 ans je voulais déjà devenir marin ; 18 ans à peine et pour ne pas me retrouver dans la biffe j’ai décidé d’être EVDA (‘ engagé volontaire par devancement d’appel) et être sûr de porter le pompon rouge qui, à l’époque était un porte bonheur à toutes les filles qui voulaient bien le toucher, ce qui arrivait encore à Brest mais plus à Toulon. Si tu connais, nous nous retrouvions plutôt au « Papillon » ou « Maritima bar », célèbres bordels du quartier « Chicago » où les patrouilles faisaient souvent leur apparition, ne serait-ce que pour séparer des antagonistes plus ou moins éméchés d’une mauvaise bière.

Avant d’en arriver là, j’ai bien entendu, comme tout bon mataf de l’époque passé 2 ou 3 mois de vacances à Hourtin, il faut savoir qu’à l’époque j’avais mes CAP d’aide comptable, sténo-dactylo et employé de bureau, je le précise car bien sûr à l’époque un garçon qui savais faire tout cela était une denrée rare ; Aussi ma destination ( d’après eux) était toute tracée, rapports sur rapports à longueur de journée, notes de service, états des effectifs, habillement en surplus ou manquants… bref, rien que du passionnant pour un gars qui rêvait de faire le tour du monde ! Mais voilà , vu mon refus, que faire de cet énergumène qui, non seulement ne ferait jamais de garde, ni de corvées diverses, mangerait comme les officiers (c’est-à-dire bon et beaucoup trop), irait pratiquement tous les soirs chez lui ! il a fallu me trouver ce à quoi je pourrais être bon ou du moins pas trop mauvais en dehors de griffonner ou de taper sur une bonne Underwood, Remington ou Olivetti, modèle 1920 modifié1950….Hé ! bien c’est là que j’ai fait la découvert de ma vie ( qui aura d’ailleurs plus tard de fâcheuses circonstances), oui, j’étais moins couillon que je craignais, car après de nombreux tests, voilà que ces derniers ont révélé trois choses qui étaient pour moi absolument inconnues, à savoir : Transfiliste, torpilleur et détection sous-marine ; Je n’ai pas hésité longtemps , j’ai choisi cette dernière option, d’autant plus que j’étais attiré par le monde sous-marin et que la ,plongée sous-marine en scaphandre en était à son balbutiement. Hasard des choses, j’ai appris des années après que le pacha en second du rafiot à quai (Francis-Garnier), à côté du mien (GustaveZédé) n’était autre que Jacques-Yves Cousteau, quatre galons à l’époque.

Et moi, pauvre matelot de 1ère classe me voilà embarqué sur deux vieilles bailles à quai depuis 1945 : le » Suffren » et l »Emile Bertin » qui avaient eu leur heure de gloire et sur lesquels j’ai suivi les cours de détection sous-marine pendant trois mois. Nous étions une trentaine à suivre ce cours (dont j’ai encore les cahiers de notes) et j’en suis sorti 6ème, ce qui au fond n’est pas si mal pour un pauvre bureaucrate. Les unités d’embarquement étaient choisies par ordre de classement et bien sûr selon le désir de chacun . Les 5 DE (destroyers d’escorte) étaient choisis en premier, j’ai donc pris le 6ème qui était le bateau amiral le « tatave », en l’occurrence le « GustaveZédé », ex bateau allemand où tout d’ailleurs était écrit en teuton, spécialiste en écoute marine (l’asdic) et plusieurs stages à bord de sous-marins prêtés ou donnés à la France par nos amis anglais, les 4 S : la Sultane, le Saphir, la Sirène et la Sybille, cette dernière qui a coulé corps et biens au large de Toulon ( aux salins) et dont on n’a jamais rien retrouvé. Plusieurs souvenirs se rattachent là encore à ma mémoire… Mais ce n’est pas le sujet du jour, j’ai voulu me situer en fonction de la situation future, car après de nombreux mois sur le « Gustave Zédé », je suis revenu à la vie civile,et me suis marié en Juin 1955 . Après 10 mois de mariage, la marine ne pouvant pas se passer de moi, j’ai été comme tant d’autres rappelé et vu ma bonne santé, affecté à la DBFM.

Expédié d’abord à Brest avec des promesses de promotion, loin de ton boulot, de la famille, des parents, quelques fois des enfants,ton bled, tes potes, en bref tout ce qui était ta vie, pour aller se faire casser la gueule dans un conflit qui était loin de nos préoccupations , peu d’ente-nous étaient chauds ! Algérie française, slogan à la mode, du moins pour certains, à condition que ce soit le voisin qui parte, mais pas ton fils, ton frère ou ton mari….

Réflexion personnelle qui n’engage que moi, mais je suis sûr de sa réalité, l’avenir m’a donné d’ailleurs raison….

Je vais faire une pause car emporté par ma verve je commence par être un peu fatigué. Où est le temps où je crapahutais ? Mais je le dis et le redis, beaucoup voudraient pouvoir le raconter, hélas ils ne sont plus là . J’ai retrouvé de nombreux documents et tacherais d’en joindre à mon « journal » ; Je suis un débutant en informatique et essuie les plâtres parfois, de ce fait je te demande un peu d’indulgence pour mes éventuelles fautes et oublis. C’est en forgeant qu’on devient forgeron ?

Je reprends, donc ces « Messieurs » de la 4ème république, pour ne pas les citer : Guy Mollet, Mendès-France, François Mitterrand, Robert Lacoste, etc…et bien d’autres « célébrités » du moment ont décidé que cette réserve que constitue les RDSF ( renvoyé dans son foyer) serait bien utile pour la  « pacification » en Algérie, département français d’outre-mer chèrement payé au siècle précédent avec des exactions obligatoires lors d’une annexion par la force, d’un territoire , d’autant que quelques « énervés isolés » appelés fellaghas s ‘étaient mis dans leurs têtes de bouter le roumi.

Alors, pourquoi, dans le confort, la fraîcheur de l’hémicycle de l’assemblée nationale se priver de pondre une loi qui permettrait de rappeler les biffins, les rampants, les matafs qui ne pourraient à leurs dires que prêter main forte à l’armée de métier en place ? ce qui fut dit, fut fait et voté….

J’ai donc pris le train pour Brest et direction Toulon, la marine et la SNCF avaient des accords bizarres, le trajet dura deux jours pour traverser la France, le signal d’alarme étant perpétuellement tiré… Arrivés à Marseille nous avons embarqué sur le « Djene », destination Oran. Après avoir eu un sourire hypocrite de quelques gradés, un bol de lait froid servi par des infirmières qui s’en foutaient complètement, nous avons cherché à nous caser dans les coursives, le pont, les recoins propices , une traversée difficile pour certains, les affres du mal de mer dans de nombreux cas avec tout cela que ça comporte et que je détaillerai pas ici. J’ai pour ma part eu la chance de ne point connaître ce mal, grâce à des années de navigation, aussi bien en surface que sous. Cela malgré tout ne veut rien dire, je me rappelle que sur la passerelle du « Gustave Zédé », l’amiral lui-même m’a demandé de m’éloigner de lui pour fumer car malgré ses 40 ans de navigation il avait toujours des nausées.

Après cette traversée agitée, débarquement à Oran, transbordement immédiat dans les GMC ou 4/4, direction Nemours puis un petit bled nommé Béraoun constitué par des mechtas que nous avions investies. De là de nombreuses opérations diverses, embuscades, etc…étaient programmées… heureusement souvent inutiles, mais décidées après quelques aveux plus ou moins forcés, de la part de pauvres fellahs…. Mais pas toujours….

Ce qui fut le cas ce jour du 29 08 1956… Partis au petit matin( un Mercredi je crois) pour une opération dite habituelle et après avoir crapahuté pendant 3 ou 4 heures sous un cagnard de plus en plus brûlant, tout à coup, ne sachant pas très d’où cela provenait, nous avons été « arrosés », les balles sifflaient de toutes parts et aussitôt bien sûr tout le monde à plat ventre, moi le premier ayant le « privilège » d’être voltigeur de pointe. Quel avantage ! caché derrière un buisson, je voyais environ à 60 mètres de moi des silhouettes d’hommes armés de fusils, de PM, de FM, je tirais bien sûr sur ces ombres quand soudain un camarade à moi, de ma section qui avait fait l’Indochine, quartier-maître chef à l’époque me voyant tirer, me pousse sur ma gauche, prend donc ma place et à l’instant même reçoit en pleine poitrine une rafale de PM ou de FM , s’écroule dans mes bras en hurlant « MAMAN ». J’ai encore ce cri dans mes oreilles 50 ans après…Pauvre Inizan ! tu m’as sauvé la vie ce jour- là, au prix de la tienne. D’autres copains sont tombés à proximité, j’ai pour ma part entendu les balles autour de moi, mais ce sont celles que tu n’entends pas qui sont les plus meurtrières. Je n’ai même pas été blessé, mais un tremblement nerveux incontrôlable m’a pris rétrospectivement. J’ai connu ce jour -là, sans aucune honte à l’avouer, la peur de ma vie… du moins la première….

Baraka ou Scoumoune, la vie ne tient qu’à une de ces appellations.

C’est la première fois de ma vie que j’évoque ce récit, et sur ta demande, même ma famille proche n’en connaît pas le dixième. Beaucoup d’autres ont connu des situations identiques, ils se taisent, laissant aux autres, en général ceux qui sont restés plus ou moins planqués, le soin de raconter avec plus ou moins d’enjolivures, les exploits qui souvent ont été l’apanage du voisin.

Il a donc fallu décrocher de ce djebel Zakri , celui-ci étant en espalier, laissant pour l’instant du moins les corps de nos pauvres camarades décédés . Je remontais butte après butte les escaliers, 1,50 mètres de hauteur, toujours arrosé et cerné de balles meurtrières à chaque mouvement de ma part afin de grimper à l’étage supérieur ; 5 ou 6 espaliers pour enfin rejoindre ma section qui était restée en haut. OUF ! Nous avons donc décroché, poursuivis par une bande de fellouzes, des vrais ceux-là, crois-moi, nous tirant comme des lapins, puis abandonnant enfin leur poursuite lorsque nous avons rejoint quelques tanks légers en nous abritant derrière. Malgré tout quelques balles encore ricochaient sur l’armature et allaient se perdre au petit bonheur la chance ou malchance. L’aviation mitraillait au risque de nous atteindre, ce qui d’ailleurs est déjà arrivé.

Est-ce vraiment ce qu’on appelle la PACIFICATION, je crois faire un récit d’une autre guerre, genre 14-18, les fantassins derrière les tanks…..

Le lendemain quelques volontaires dont je faisais partie, car pour une raison inconnue j’arrivais à me désigner moi-même car j’étais toujours « volontaire désigné d’office » sont allés récupérer les corps de nos pauvres camarades. Avant de les récupérer dans des sortes de housses nous les repoussions de loin avec de longues perches car certains pendant la nuit avaient été déplacés afin d’installer sous eux un engin artisanal qui explosait dès qu’on touchait au corps. Souvenirs…. Souvenirs…..

Qu raconter d’autre ? Opérations multiples, fouilles de villages , fatmas et gosses apeurés réunis au centre de celui-ci, hommes absents bien sûr, pris entre deux feux, d’un côté les fellaghas qui les rançonnaient la nuit et le jour nos troupes pas toujours « délicates ».

Bref, quelques mois plus que difficiles, nous avons vu du pays diront certains, pauvres C…

Pauvre Inizan, je pense souvent à lui, et le soir particulièrement où il a fallu récupérer ses affaires personnelles avec sa plaque matricule et envoyer le tout à sa propre maman.

Enfin tu connais ce dont je parle, cela m’a valu en plus de la commémorative, une citation à l’ordre da la nation, une croix de la valeur militaire avec palme et étoile de bronze pour les faits accomplis ce jour là. Je ne tire pas une gloire de tout cela, je n’en parle à personne, reste honnête avec moi-même, car ce jour là j’étais loin d’être fier.

Je souhaite t’avoir donné satisfaction et reste à ta disposition,

Cordialement,

Que la paix demeure et INCH’ALLAH

 

 

Témoignage de Monsieur Pittoni Jean (Témoignage téléphonique, en italique, mes commentaires)

Né en 1933, classe 1954, effectue son service militaire dans la marine, 18 mois (1954-1955).

Démobilisé dans l’année 1955, il se marie. Il est rappelé en 1956 pour rejoindre la DBFM en Algérie, son épouse est enceinte de trois mois.

Ils sont donc plusieurs milliers à rejoindre Brest, tous rappelés, tous réfractaires, cette guerre ne les concerne pas, d’ailleurs tout le peuple français est contre, les idées sur l’impérialisme sont savamment distribuées, la leçon est bien apprise, ils vont là-bas pour défendre les intérêts des colons, des gros colons, au péril de leur vie, abandonnant leurs épouses, leurs enfants, leurs parents, leur travail ; comme je les comprends ; Pauvre France, en 1936 elle ne veut pas faire la guerre aux teutons, 20 ans après, la quatrième république fait la guerre aux ratons ( c’est pour la rime).

De Brest, ils rallient Marseille, la colère monte, enfle et se déverse dans chaque gare traversée où tout est saccagé ; Le Mans, tout le monde descend du train, une manif s’organise, les bidasses s’allongent sur les rails. Les gardes mobiles interviennent, les wagons resteront fermés jusqu’à Marseille. Ensuite ils seront dirigés Manu-militari vers le bateau qui les emmènera vers la mort.

Permettez-moi de faire un parallèle :

- Brest – Marseille, un train, des gardes mobiles, des CRS, la matraque ( 1956)

- Le Vel-d’Hiv – Ravensbruck , un train, des gendarmes, la milice, la matraque.(1942)

Seulement 14 années séparent ces deux évènements, il est bien vrai qu’en 1942 un certain F M collaborait avec Pétain et qu’en 1956 ce même F M était garde des sceaux , mettant en application le décret loi donnant les pleins pouvoirs à l’armée.

Le centre Siroco, sanctuaire des fusiliers marins, les accueillera pendant quelques semaines pour leur donner quelques rudiments sur l’art et la manière d’utiliser l’arme et le goupillon, c’est -à- dire de tuer et de pacifier en même temps.

Le miracle aura-t-il lieu ? Oui, dans le sens où cet ensemble indiscipliné, révolté va se transformer en une troupe, je ne dirai pas d’élite, qui aura un comportement plus qu’honorable au sein des unités présentes sur le terrain.

Et c’est véritablement un miracle que d’avoir pu forger un esprit de corps avec ces hommes qui n’étaient pas formés, mais surtout qui ne désiraient pas faire la guerre, cette guerre.

Ils étaient donc loin d’être des guerriers et ils allaient se mesurer à d’autres hommes convaincus de leur bon droit, déterminés à mener une lutte sans merci aux envahisseurs, à se libérer du joug de l’oppresseur, à fonder un pays libre . La plupart de ces HLL ( Hors la loi) comme on les appelle éprouvent une haine séculaire féroce envers le pied noir qui les a exploités et les français en général dont la culture et la religion sont diamétralement opposés.

Imaginez ce simple « Fellah » ( paysan) transformé en Fellagha, animé de cette ardeur combative, d’un idéal, d’une haine farouche, d’une foi inébranlable, d’un fanatisme exacerbé……face à un rappelé métropolitain……

En plus de ces atouts majeurs, ils ont bénéficié très souvent d’un encadrement issu des unités françaises, (essentiellement sous-officiers) qui ont combattu sur tous les théâtres d’opérations : 39-40, la France libre,l’Indochine, leurs décorations attestent que ce furent de valeureux soldats.

 

Il est remarquable de constater que les témoignages des rescapés ( 50 ans après) sont nets et précis, c’est dire que la nature de cet événement a dû les marquer à vie.

Il faut souligner qu’ils ne cherchent pas à savoir si l’opération aurait pu être menée d’une autre manière, à connaître et découvrir les responsables de ce massacre diligenté par des officiers en mal d’avancement.

Cela vaut une explication : si à leur départ en Algérie ces appelés et rappelés ont rué dans les brancards, la mayonnaise est vite retombée, pourquoi ?

- parce que, transplantés sur un autre continent avec comme rempart la Méditerranée , loin des leurs, de la métropole, là où ils pouvaient encore espérer un soutien, ils seront isolés.

- Parce qu’incorporés dans une unité combattante terrestre alors que la quasi totalité souhaitait aller dans la marine ou y revenir pour naviguer et non pour être fantassin, ils seront désemparés.

- Parce que conditionnés par la machine militaire qui sait donner à l’être humain un esprit de corps et souvent sublimer l’instinct guerrier qui sommeille en lui, ils seront leurrés.

- Mais bien que « parachutés » à Béraoun, El Aroussa, Azzouna, etc…des endroits hostiles, déserts, en plein djebel, sous une chaleur écrasante,sans eau, sans toit et où il a fallu tout construire, ils sauront relever la tête.

Pour ne pas succomber moralement, il leur sera nécessaire de se protéger en se serrant les coudes, en formant un bloc homogène, réagir en homme. L’armée a globalement réussi tablant sur le fait que même si ces hommes n’étaient ni des guerriers nés, ni des volontaires, toute fierté n’avait pas disparu.

 

Basés dans le même secteur d’influence, nous n’avons guère connu ces hommes, des marins comme nous, et pourtant nous allions souvent dans ces postes perdus dans la montagne, quelques hommes, un groupe, une section selon la mission : embuscades, renseignement, sentinelle, sabotage ou autres « manifestations » non inscrites dans le manuel du parfait militaire et proscrites par la convention de Genève, déguisés en biffins ou en HLL, le visage peinturluré à la mode Iroquois ou Mohicans, mais en moins voyant.

Nous arrivions tard le soir, vers 20 heures, généralement il nous était défendu de parler et de communiquer avec nos frère d’armes et repartions la nuit noire, tels des fantômes.

La réussite de ces entreprises était subordonnée à la discrétion, secret sur l’unité, le mouvement, la destination, le nombre, l’objectif, nul ne devait savoir, tous devaient ignorer que les commandos marine se « promenaient » dans le coin.

Témoignage du Second-Maître BRANCHE

 Résistant à la dernière guerre, 2ème DB avec Leclerc, les commandos marine en Indochine, commando Jaubert en Algérie ce 29 08 1956 à la première section.

Un jeune officier de Jaubert lui demande : mais pourquoi nous ne donnerions pas l’assaut ( il fallait descendre dans un ravin pour ensuite monter à l’assaut du piton), ce à quoi Branche lui rétorque : allez-y, moi je reste ici, s’il doit en rester un pour raconter je serai celui-là. Il n’y a qu’une seule possibilité pour réduire la casse, celle de nous faire héliporter sur le piton au milieu des fells.
Ce qui n’a pas été fait, malheureusement. C’est vous dire qu’aux yeux de ce « vétéran » la solution retenue par le commandement de la DBFM n’était pas la meilleure, loin s’en faut.




Témoignage de VIARDOT Philippe,  33 ème Cie de la D B F M


Récit du 29 08 1956 tel que relaté dans une sorte de « journal » tenu au moment des faits.
Je pense et je suis certain qu’il y a eu méprise : ceux de la 32 ème compagnie pensaient relever des « biffins », ils ne se méfiaient pas et ont été cueillis de plein fouet. Les rappelés de la 33 ème les ont relevés et sont arrivés au sommet du Zakri après bombardement et utilisation de napalm par l’aéronavale ( un Morane rejoignant Nemours après avoir été touché). Voici quelques noms de camarades ayant été les premiers à atteindre le Zakri ( il était environ 13 heures). Quelques noms de la
33 ème :
BAILLY, CS – BLANCHOT – BOUTON, S/M ( commandait une section) – BOYER , E/V -  CHABUT Jacques – COLLARD Pierre ( originaire de St Etienne ) – DAGUET – DERENNE Michel – DE SOUZA – DOLISI Bernard – DUMONT André – DUPONT, CS – FINIDORI – LEDERMANN – LE  LOHE Paul – PASSERON – QUINZAT Georges – SARKISSIAN Jean – TURMEAU Marcel, CS – VIARDOT Philippe, Mle 7462 T 52 ) WARO Jean-Baptiste.

Le 29 Août : matinée :

Le 29 08 1956, à quatre heures du matin, nous sommes réveillés pour partir en opération. Ce n’est pas la première fois et la veille nous avions touché des vivres pour 24 heures, ce qui n’était pas pour nous étonner.
Nous partions en camions sur la route de Marnia. C’est toujours sur la route de Marnia que nous partons en opération, c’est toujours Nédromah que les fellagas choisissent pour rejoindre l’algérois après s’être entraînés au Maroc. Les ponts, les poteaux télégraphiques, les voies de chemin de fer, les puits ou les pompes à eau sautent très fréquemment dans cette région. Je me souviens, il y a trois semaines peut-être, avoir été de corvée d’eau, d’escorte de convoi plus précisément. La frontière après les incidents d’Oujda est fermée aux militaires et Martimprey n’est plus un centre de ravitaillement. Nous roulions donc sur une piste pour arriver dans une ferme qui se nomme : « le clos St Jean ». Une compagnie de sénégalais garde les bâtiments de l’exploitation qui n’exploite plus rien. 24 hectares de vigne étaient déjà saccagés. A l’automne prochain il n’y aurait plus rien, en tout cas le gérant partirait et ne continuerait pas à travailler. Nous arrivons dans la matinée et on nous dit : «  ils ont fait sauter le puits hier soir « . Plus loin sur la route un pont est affaissé et le prochain poste militaire nous apprend : « Ah ! ça c’est avant hier, ils ont manqué leur coup, ils sont là … ».
Revenons à nos moutons, les camions roulent sur la piste, elle est coupée de tranchées larges, profondes et bien régulières. Nous irons prendre positions à pied.
A chaque opération nous touchons un foulard de couleur, cette fois-ci il est rouge vif et ce ne sera pas toujours parfait.
Le capitaine fait toujours sourire et même disons-le, rire franchement en se trompant une nouvelle fois de direction. Nous sommes tellement habitués à le voir désorienté que nous parions : il se trompera au bout d’un quart d’heure, d’une demi-heure, d’une heure…Il ne lui a pas fallu 5 minutes ! Il n’y a encore rien de tragique et nous pouvons plaisanter, mais il faudra faire les comptes un jour, c’est trop grave .

- Bon, alors vous rejoignez les fantassins du 301 ème. Ils sont là-haut sur le piton . Oui, ce vert et rocheux  là-bas. D’ailleurs, vous les voyez, à droite il y en a trois, vous les apercevez bien ? Oui, bon. Arrivés là-haut, vous attendrez mes ordres pour occuper de nouvelles positions. Restez en liaison normale. A bientôt Albert.
- Ce piton dis donc, il n’est pas le plus petit. Il se démerde toujours bien notre pitaine, il nous refile toujours les meilleurs. Enfin, là-haut on verra clair. On aura droit à sa petite suée…
Le fusil sur l’épaule, le chapeau en arrière, on monte, mais le terrain ne se prête pas à une marche régulière.

- Alors t’avances mon pote ?
- J’aime mieux quand même Montmartre
- Le Mont Blanc ? de la rigolade.
- Un bock bien glacé à la terrasse d’un troquet sur les grands boulevards …
    On remet le fusil à l’épaule. Suivant le terrain, des groupes se forment. Une légère déclivité et c’est une réunion, une pente sévère et c’est l’éparpillement ;

- Bientôt on sera là-haut.
- On aura bien un petit repas.
- Qu’est-ce qu’il te reste dans ta gourde ?
- Courage p’tit père, il ne reste plus que cinquante mètres.

Vingt mètres maintenant.
Fusillade. BROOM. Tout le monde ne se couche pas de lui-même, mais déjà quelques uns sont morts :

- Et faites pas les cons les gars, c’est nous la marine…
- Eh ! Bande de cons ! Qu’est-ce qu’ils sont cons !
- Tu parles…
Fusillade. Broom. Tout le monde se cache. Ceux qui sont morts ou blessés sont à terre aussi.
Sur un rocher surplombant les arrivants un fellagha se dresse :
- Rendez-vous !
- Va te faire foutre !
Fusillade. Broom. Le fallagha, un chef sans doute, meurt heureux.
On entend un cri :
- Repliez-vous !
A chaque bond en arrière, un français rappelé tombe tué net.
Les français en position tout autour de ce piton maudit, le djebel Zakri, tiraient à qui mieux mieux  sur ces taches vertes qui allaient, se déplaçant.

Huit tués par erreur. Huit morts physiquement mutilés si l’on peut dire. Erreur palpable. Quelque chose de concret, très concret. Tous les morts sont mutilés.

J’ai vu en début de matinée un rescapé de cet enfer de quelques secondes . Il venait  de parcourir une dizaine de kilomètres entre deux feux. Son chapeau de brousse était troué d’une balle ; On remarquait une trace noire due à la poudre, indiquant la proximité du tir ; Outre la fatigue physique, ,il tremblait de tous ses membres. Il était extraordinairement pâle, ses yeux révulsés étaient rouge, eux, il parlait en hoquets :
- Quinze kilomètres… Des tués…Massini à côté de moi… On croyait à des biffins…Il nous disait : «  Allez-y » … Quel salaud…Albert aussi… Des jumelles… Les bras pleins de sang… Evanoui …Je lui ai fait un garrot. Puis on s’est sauvé.

Les blessés français furent achevés par les fellaghas.
Les blessés fellaghas furent achevés par les français.

Le piton était pris depuis un bon quart d’heure, il n’y avait plus de fusillade. Quel soulagement. Puis deux coups de feu à proximité. Daguet achevait un semblant de cadavre qui avait paru bouger.

Le garrot, je l’ai revu sur le copain mort. Garrot, bout de chiffon inutile.

Philippe VIARDOT
Auteur du livre «  Bab El Assa- la porte de l’enfer » - Edition : Bénévent.


Merci pour ton témoignage.

Témoignage d'André MAUREL 3 ème Bataillon, 34 ème Compagnie, 4 ème section, poste de Sebabna

Si vous désirez contacter André MAUREL, voici son adresse:  saraou@oranfe.fr

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Algérie, Juin 1956, en tenue de combat, Dante et moi apprenons notre nouveau métier de "Shako" à l'école des fusiliers-marins de Siroco à 35 Km d'Alger

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Siroco, 16 07 1956, mon sac de marin et celui de "Shako", mon casque, ma gourde et mon fusil sont prêts, dans quelques minutes nous embarquons sur la "Laïta" qu'on aperçoit au fond, elle nous emmènera vers les djebels de la frontière marocaine. La "Laïta" quitte le quai.

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18 07 1956, le convoi de la 34ème compagnie sur la piste de Sébabna, les collines tout au fond sont au Maroc, devant: jeep Delahaye "VLR" (véhicule léger de reconnaissance).

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Le camp de Sébabna où était logée notre 34ème compagnie, entre le V des collines en direction de la France on pouvait voir un coin de mer. À gauche la tente infirmerie avec son "Dodge" et à gauche en haut le terre-plein hélicoptère.

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De G à D: Q/M VINCENT, FRIQUET, MAUREL, KOHL, CORNEC -  En regardant vers l'Est: le camp vu du piton

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Les quatre sbires de notre" carrée", de G à D: KOHL le niçois, FRIQUET DE Nancy, CORNEC le parisien et MAUREL

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Au premier rang de G à D, têtes nues, le capitaine Aymar Achille-Fould et l'Amiral Ponchardier, tous deux se voulaient proches de leurs hommes.

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Sarotto

René Sarotto

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Citation

Citation à l'ordre de la division du Q/M Maurel

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Photo de gauche: à gauche : Colombani l'ajaccien, avec le chat: Alfiéri de Marseille, Baptiste Novella à la guitare et Maurel aux bongos sont toulonnais. Nous sommes devant la porte de notre "carrée" côté Est

Photo de droite: Sébabna, Juillet 1956, sous les caroubiers, les provençaux préparent une anchoïade, le barbu :Martinetti le bastiais, assis: Maurel et derrière: Novella

Spectacle

 

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Epilogue: retour à la vie civile: André MAUREL et sa fiancée Anny

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

10 février 2008

Cartes, presse, commentaires

Les cartes

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Situation géographique du djebel Zakri

Carroyage Kilométrique Lambert ( Nord Algérie ) Nédroma

 

Le point rouge : Djebel Zakri

 

Altitude 725, 4/6 Km à vol d’oiseau dans le Sud-Est du poste d’El Aroussa , coordonnées : carte Nédroma 1/50 000 FW 89 92, combat de la DBFM, le 29 08 1956 ( secteur du 2ème Bataillon).

 

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La presse

 

Tiré de « L’Echo d’Oran » N° 30631 du Vendredi 31 08 1956

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Les deux dernières lignes de cet article sont révélatrices d’une censure militaire :

 

« On a dû également enregistrer quelques pertes du côté des forces de l’ordre »

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REMERCIEMENTS

 

Je remercie tout particulièrement les familles des tués : Gardair, Amourette, Masini, Kryshine, Touzet, qui ont bien voulu collaborer en me faisant parvenir documents et photos.

 

Après plusieurs mois de recherches, je n’ai pas réussi à identifier les autres familles, mais leurs fils ne sont pas oubliés.

 

Pourquoi ai-je écrit cette histoire ?

 

- Parce que l’on ne peut pas honorer des militaires qui , de par leurs rangs et leurs fonctions ont abusé de leurs droits.

 

- Pour faire savoir à ces familles douloureusement touchées par la perte d’un des leurs, la vérité sur les tenants et les circonstances exactes de cette opération.

 

- Je remercie également les « rescapés » :

 

Grimaux Michel

 

Pédrono Louis

 

Pittoni Jean, qui se souviennent, 52 ans après, qui n’ont pas osé en parler pendant ces 52 années et qui m’ont confié tout simplement et modestement ce qu’ils ont vécu.

 

- Sans oublier ceux qui m’ont aidé dans mes recherches ; Chollet, Bonnerue, le Rital et Trépel 3 pour la création de ce site.

 

A toutes et à tous, un grand MERCI.

Mais ne saurons-nous jamais qui a été réellement le « Nivelle du Djebel Zakri » ???

 

 

Qm2 Balisson Jean-Claude

 

Matricule 8137 T 54

 

Commando Jaubert

 

Le Mans le 23 01 2008

 

Commentaires

 

Jeudi 06 03 2008 de PEDRENO Louis:

Salut matelot,

Je te remercie beaucoup de ce récit qui a fait, et fait encore remonter de bons et mauvais souvenirs. Je te joins avec retard quelques réflexions qui sont seulement le reflet de ma pensée, et comment je l'ai vu. Je pense avoir été un des deux FM qui ont canardé ce groupe de fellous, je venais de tomber dans des épineux en me précipitant à cet endroit, cela se passait juste après la photo qui est la troisième sur ton livre, où est marqué "djebel zakri". ( page 64), je pense reconnaître 2 ou 3 gars ( debouts:  les deux du milieu et à genoux, celui du milieu.

D' accord pour la légion qui n'est pas citée mais avec qui, et avec mon groupe nous avons été en contact toute la matinée. Cette légion qui, au jour de notre retour en France, je ne sais pas par quelle information, alors que le train s'est arrêté en gare de Sidi, était en rang d'honneur sur les quais, et sur ordre s'est avancée et au garde à vous nous a offert une bouteille d'alcool par wagon, à nous les appelés du Djebel Zakri.

Je ne suis pas tout à fait d'accord sur la haine séculaire, n'allons pas toujours dans le même sens, les colons: oui, une grande partie, même avec nous qui venions les défendre ( ferme Perret). Mais il faut alors tout dire, ces pieds noirs ( je ne suis pas en affinité avec eux) qui ont été sauvagement assassinés par ceux qu'ils ont élevés comme des fils dans leurs propres maisons. Je pourrais citer quantité d'actes de barbarie côté Philippeville ( hommes tués avec testicules cousus dans la bouche, femmes enceintes éventrées .....)

Les rappelés ont rué dans les brancards, OUI,avec juste raison, eux avaient déjà fait leur service et savaient où ils allaient. Nous les appelés, car nous allions faire notre service et avons été emportés par la vague vers ce théâtre d'opérations.Il est vrai l'armée avait réussi à faire de nous des petits guerriers. Comme je le dis dans mon témoignage, nous les inscrits maritimes étions déjà loin de France depuis pas mal de temps ( moi à Madagascar) et n'étions pas très au courant des affaires politiques françaises ( j'avais 18 ans et ça ne m'intéressait pas), ce qui résume un peu notre passivité. Tu as fait un bon résumé et je t'en félicite, rendons honneur à tous nos copains disparus dans ces évènements. Je vous salue tous les gars de la DBFM.

Cordialement à toi, et encore merci

 

Carte de la part de Mlle Amourette Anne-Marie ( soeur de Jean-Pierre)

 

 

 

 

 

 

A_M_Amourette

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Courrier de Madame MASINI Marie-Joséphine:

Olméta du Cap le 15 02 2008

Monsieur,

C'est avec un peu de retard, et je m'en excuse que je viens vous remercier de ce magnifique cadeau que vous m'avez envoyé. Merci, merci mille fois de ma part et de celle de ma famille. Amitiés

 

 

 

 

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Voilà plus de cinquante ans - exactement 53 - que j'ai sur le coeur l'affaire du Zakri.

 

C'est à cet engagement meurtrier, en Oranie en 1956, que je réfère dans l'épisode "Mes marins" de "Bulles d'Histoire " , de même que je reprends quasiment dans les mêmes termes, les moments de cette "bataille" dans le Chapitre 11 de "la Course de Printemps" . ( BELORGEY Gérard)

 

Or des recherches m'ont conduit à découvrir le site sur lequel écrivent et témoignent depuis quelques années des fusiliers marins de la DBFM rescapés de cette aventure

 

On y trouve souvenirs précis, expressions de tout ce que pouvaient penser les soldats d'alors, cartes, fac similé d'articles de presse, correspondances, photos très éloquentes, etc. : tous documents que je n’ai pas pu bien transférer, mais ...

  www.djebelzakri.canalblog.com

IL FAUT ALLER VOIR CE SITE : la vérité de cette époque parfaitement décrite par des engagés volontaires du temps, mais qui n'auraient pu imaginer ce à quoi, et à qui , ils s'étaient livrés

 

Je reproduis ci-après mon témoignage et ce que j'ai comme part d'explication de cette vilaine affaire

 

Au chef lieu, il y avait des obsèques : après une lourde intervention de pacification, on rendait les honneurs aux cercueils alignés, drapés de tricolore, frappés de l'ancre de marine. Il y en avait presqu'autant que, selon la presse, de combattants F.L.N. tués au cours de que l'on avait appelé la "bataille du Zakri" dans l'ouest algérien,.

Entre les sonneries aux morts et les remises de décorations, je revivais l'opération. Elle avait été montée de manière classique. Un vaste compartiment de terrain, composé de djebels allongés et de petits plateaux de piémonts, avait été, le plus discrètement possible, bouclé avant l'aube, par des troupes motorisées constituant le filet de la nasse. Une fois en place, elles croisaient leurs vues et leurs feux sur tout ce qui prétendrait en sortir. D'autres unités, à pied, étaient chargées de battre et ratisser la surface encerclée. Les habitants étaient rameutés vers des points de contrôle. Ceux qui ne se laissaient pas contrôler étaient les rebelles. Au point haut du dispositif, un peu en avant du bouclage, était le piton du commandement. Deux types de forces étaient engagées : celles du secteur qui quadrillaient habituellement le pays et le connaissaient bien; des forces d'intervention venues d'ailleurs. Mon peloton de chars et d'hommes portés appartenait aux premières. Nous y travaillions tantôt en véhicules, tantôt au contact. Nous avions été placés en réserve auprès du commandant d'une demi-brigade de fusiliers marins : une troupe d'élite, spécialement entraînée, sophistiquement équipée, faisant, sur de courts séjours opérationnels, la guerre comme un ballet, avec élégance, courage et férocité. C'est dans un douar qu'elle avait un jour "nettoyé" que j'ai fait rapine, avant que tout ne brûle, d'une couverture de laine aux bandes vertes et blanches surlignées de fines rayures oranges, pourpres et noires, dont je ne parviens pas à me séparer, sur laquelle je couche encore souvent depuis plus de quarante ans.

A peine l'aube s'était-elle ouverte, que ces commandos de marines, en progression sur les pentes du djebel, furent cloués au sol par des tirs émanant d'une ligne de maisons, de figuiers de barbarie et de rocs en désordre. L'ensemble constituait comme un petit ksar surélevé par rapport au lacet abrupt d'une piste. Au delà, un tournant, pour franchir un mauvais col, passait sur l'autre versant de ce haut de vallée.

Longtemps, dans mes jumelles, depuis le P.C., je suis resté à observer: dispersés en tirailleurs, dans leurs treillis vert pomme, les hommes aux bérets à pompon rouge se faisaient "allumer" dès qu'ils se levaient de derrière un pli de terrain ou une murette. Ils ont fini par donner l'assaut à découvert, enlevés par des enseignes de vaisseaux, glorieux comme en quatorze et fauchés par les rafales. Ils ne sont pas arrivés jusqu'au ksar avant que les fellaghas n'aient réussi à se replier dans une grotte au delà du col. La journée s'est achevée sous les attaques au rocket de l'aéronavale, dans les fumées et dans les flammes.

Ce terrain, qui a fait tant de morts, je le connaissais. Sur cette piste, entre les aloès, j'aurais pu me porter. Avec mes jeeps et mes chars légers - du modèle de ceux qui avaient fait la guerre de Corée - je l'avais souvent empruntée. Un jour, je l'avais trouvée coupée en dents de piano, par des tranchées dans une épingle à cheveu et le half track de tête, surpris, a versé : deux hommes aux jambes écrasés. C'est sur cette piste aussi que j'avais vu mes premiers égorgés : des jeunes du contingent, avec les couilles bourrant leurs bouches, déjà couverts de mouches.

 

 

 

Je ne croyais pas à la pacification, à cette guerre, à cette bataille. Mais je ne pouvais plus rien changer. J'étais soldat : là pour prendre et pour sauver des vies. Au début de l'accrochage, j'avais osé dire au pacha :

 

« Commandant, mes chars peuvent passer. La résistance, je peux la canonner.

 

Il m'avait foudroyé de son regard de chef.:

- Non, mon petit; ça c'est pour mes marins ».

 

Correction du 1er Février 2010 : Un correspondant qui était présent comme membre des commandos de marine , Jean Claude Balisson, m'invite à insérer dans le texte ci-dessus "les corrections nécessaires pour le rétablissement de la vérité."

 

Rectificatif que je produis bien volontiers et qui éclaire comment cet engagement n'a pas plus fait appel aux commandos de marine qu'à la cavalerie légère blindée qui pouvait éviter le massacre de marins de ja DBFM; j'insère donc ci dessous ce qui m'est demandé :

 

Votre blog fait référence, entre autre, à la trop fameuse opération djebel Zakri dont j'ai décrit le déroulement à l'aide de témoignages reçus par des rescapés et le mien, en tant qu'acteur passif.J'y découvre une anomalie quant à la troupe que vous désignez pour avoir pris une part active à l'assaut.

Ce ne sont des commandos marine, comme vous le citez, qui ont essuyé les premiers coups de feu, mais des marins de la D B F M ( Demi- Brigade de Fusiliers Marins), composée majoritairement d'appelés du contingent et de rappelés, donc une troupe peu aguerrie et totalement inexpérimentée.

Les commandos marine, auxquels j'appartenais, ainsi que la légion étrangère ont été héliportés à 400 mètres du piton sur lequel se tenaient les rebelles. Nous avons reçu l'ordre de ne pas bouger ( note de GB : comme moi-même ) laissant ainsi au commandement de la DBFM le soin de recueillir les lauriers d'une victoire qui ne pouvait se solder que par un massacre. Vous en connaissez le dénouement.

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GUEHO_Andre_

GUÉHO André, ancien de Montfort, Penfen et Jaubert, nous raconte:

SOUK_SEBABNA_1

SOUK_SEBABNA_2

SOUK_SEBABNA_3

SOUK_SEBABNA_4

SOUK_SEBABNA_5

SOUK_SEBABNA_6

SOUK_SEBABNA_7

SOUK_SEBABNA_8

SOUK_SEBABNA_9

SOUK_SEBABNA_10

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L’opération du Djebel Zakri
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