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L’opération du Djebel Zakri
26 février 2008

Gardair - Amourette

 

Le « Nivelle » du Djebel Zakri

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Le vrai tombeau des morts est dans le cœur des vivants

Parmi ces cercueils figurent ceux de :

 

- GARDAIR Didier – EV 1 – 3/DBFM

- ALIBERT Jacques – EV 2 (R) – 3/DBFM

- AMOURETTE Jean-Pierre – EV2 (R) – 2/DBFM

- DARASSE Henri- Premier Maître fusilier commando – commando Jaubert

- MARIO Marcel- Maître canonnier (R)

- MASINI Jean – Second Maître canonnier (R)

- INIZAN François – Second Maître canonnier (R) – 2/ DBFM

           - BAZIN Michel – Second Maître fusilier – 3/DBFM

- KRYSHINE Vladimir – Quartier maître fusilier (CS)

- CORVEZ François – QM 2 fusilier – 1/DBFM

- LE MAOULT Antoine - QM2 canonnier – 3/DBFM

- GOMES Lino – Matelot fusilier – 2/DBFM

- TOUZET Jean – Matelot charpentier – 2/DBFM

- LEROUX Michel – Matelot canonnier DCA – 3/DBFM

- SAROTTO René – Matelot armurier – 3 :DBFM

- PIERRE Roger- Matelot armurier – 3/ DBFM

- MERLIN Roland - Matelot S/P

 

 

 

 

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Le « Nivelle » du Djebel Zakri

 

Avant propos :

Que le lecteur ne se méprenne pas, ce récit retrace seulement une épopée ciblée de la guerre d’Algérie dont les acteurs , morts ou vivants, sont à 90% des appelés ou rappelés de la marine nationale.
Le 11 Avril 1956, le gouvernement socialiste Guy Mollet décidait de rappeler 70 000 soldats du contingent « disponibles » pour assurer le maintien de l’ordre et organiser la « pacification » . Les rappelés tentaient de bloquer les trains, refusaient de monter, saccageaient les gares, insultaient les officiers, tiraient les sonnettes d’alarme, dans les ports des mouvements eurent lieu, des casernes connurent des troubles, ils bénéficiaient en outre du soutien d’une grande partie de la population.

- 1954 : 50 000 hommes dont 38% d’appelés

- 1955 : 100 000 hommes ( dont des rappelés)

- 1956 : 200 000 hommes ( dont des rappelés)

- 1957 : 400 000 hommes dont 57% d’appelés ( 30 mois de service)

- Entre 1952 et 1962 : 1 343 000 appelés et rappelés et 407 000 engagés .

 

La loi de Mars 1956 ( loi François Mitterrand) créait les conditions légales de la torture en Algérie ( 455 voix pour ( communistes compris) contre 76). Les pouvoirs spéciaux sont votés.

Le gouvernement a fait intervenir :

- Des militaires de carrière

- Des appelés volontaires pour servir dans certaines unités de choc ( béret rouge), et je peux affirmer pour en avoir parlé récemment avec certains, qu’ils étaient fiers d’aller « casser du fell », qu’ils étaient pro-Algérie française et qu’ils le sont restés, ceci indépendamment de toute affiliation politique quelconque.

- Des appelés qui, pour la plupart n’étaient pas du tout volontaires pour aller se faire tuer dans les Aurès.

-    Des rappelés ( ex-militaires de carrière) devenus civils et peu enclin à retourner au baroud.

- Des rappelés qui, eux avaient déjà effectué leur service militaire, étaient redevenus civils, travaillaient, s’étaient mariés, certains avaient des enfants ou allaient devenir papa, pour ces derniers, et vous le comprendrez facilement, le gouvernement de l’époque a dû employer la force pour contraindre ces hommes à aller en Algérie y effectuer une mission de « pacification ».

 

Oh ! combien de marins, combien de capitaines

Sont partis joyeux pour des courses lointaines.

Combien ont disparu ce jour là, une vingtaine

Et leur sang répandu sur la terre africaine.

Sur les pentes touffues du djebel Zakri

Certains sont morts sans pousser un cri,

Tel autre dans un dernier soupir

Appelle au secours la femme que fut sa maman

C’est aussi l’ultime souvenir

De l’épouse adorée qui porte son premier enfant.

Ces marins ont donc été confiés à des chefs militaires dont la mission était essentiellement de sécuriser un secteur déterminé, effectuer des patrouilles le long de la frontière électrifiée marocaine, signaler des passages de fellaghas sur cette frontière, pacifier la région. Bien sûr, il n’était pas interdit de pratiquer quelques petites embuscades et même de participer à des opérations de grande envergure, mais seulement en « bouclages ». Quant à donner l’assaut à une centaine de fells cela dépasse l’entendement, les officiers qui ont donné cet ordre méritent le peloton d’exécution.

Rien ne prédestinait ces appelés et rappelés à commettre ces actes de violence et pour certains à pratiquer la torture, ils y ont été contraints par des hommes politiques … de gauche… J’ai connu , à Alger quelques gaillards ( communistes ou considérés comme tels) qui renâclaient fort et dur, ils ont bien vite été expédiés en direction du Sud algérien, certainement pour y casser des cailloux. Il n’était pas évident de se sortir de cette spirale gangreneuse qui a fait des ravages dans l’esprit même de ces hommes et dont certains continuent à en souffrir.

Que la tentation doit être grande pour un officier commandant plusieurs bataillons de faire manœuvrer ceux-ci depuis son hélico afin de traquer une bande de HLL, de la cerner et de l’anéantir, c’est certainement très bandant…..Mais si j’évoque une célèbre chanson d’un non moins célèbre chanteur, Georges Brassens, la bandaison n’a pas été partagée par tout le monde…….loin s’en faut…..

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Garde à vous
Présentez armes
Ouvrez le ban

 

GARDAIR Didier Marie Xavier, EV 1 3 /DBFM

 Fiche issue du relevé N° 27364 La Garde-Freinet – 83- Mémorial A F N

Informations :

Enseigne de vaisseau II/DBFM, 24 ième compagnie, né le 11 07 1932

 

Date du Décès :29 08 1956


Lieu du décès :
Djébel Zakri – région de Nemours (Algérie)


Référence : bp 04- 1411252

 

 

 

Circonstances de ma mort de Didier GARDAIR

 

 

Témoignage ( certainement d’un officier de la DBFM)

 

Voici d’après les récits des témoins les circonstances de la mort de Didier ;

Comme suite aux renseignements recueillis, une opération importante fut organisée le 29 08 1956 pour débarrasser la région Sud-Ouest de Nemours d’une bande importante de fellaghas bien armés, ayant les mêmes méthodes de combat, habillés en vert, comme nos fusiliers marins.

Le branle-bas à Béraoun eut lieu à 4 heures et les marins de la compagnie de Didier se trouvèrent au contact vers 5 heures. Dans la matinée il y eut des accrochages assez sévères, mais des chars et des hélicoptères appuyaient la progression ; Celle-ci s’effectuait dans une région tourmentée, avec des pitons de « montagne pourrie », aux pierres friables, des broussailles, des petits bois, des ravins très à pic avec des pentes en terrasses ; Les marins firent des prisonniers, pourchassèrent les fuyards, tuèrent ou blessèrent de nombreux adversaires, saisirent des armes, des munitions et du matériel. Une accalmie suivit entre 10 et 17 heures environ permettant à deux compagnies engagées de poursuivre le bouclage et de se rapprocher du point de jonction prévu, auprès d’un petit bois d’orangers. La compagnie qui devait faire sa jonction avec celle de Didier eut alors un accrochage très violent et meurtrier. Le commandant X… venu en hélicoptère commandait l’ensemble et il fallut que la compagnie de Didier s’efforce de prendre position sur un des pitons tout en visitant et nettoyant les mechtas ( fermes arabes) et le petit bois qui se trouvait le long du ravin au pied de ce piton.Le lieutenant de vaisseau commandant la compagnie, accompagné de Didier et des marins de sa section venait de fouiller une mechta lorsque celle-ci fut criblée par un feu violent d’armes automatiques tirant de très près et avec précision. Didier venait d’entraîner à la poursuite d’un fuyard quelques voltigeurs de sa section car les marins effrayés par un tir si proche n’osaient plus avancer. Il avait son uniforme de combat, avec deux galons sur la patte d’épaule, son baudrier de cuir et son revolver qui le distinguaient. Le matelot de la radio resté près de la mechta le suivait aux jumelles. Il le vit tomber à une quarantaine de mètres de lui, en même temps que deux marins et prévint aussitôt le L V. Des tireurs d’élite dissimulés dans des grottes et des abris dans le petit bois d’orangers venaient d’ouvrir le feu à bout portant ( de 6 à 20 mètres). Le commandant de la compagnie donna l’ordre à ses hommes de se mettre à l’abri et partit bravement avec des volontaires rechercher Didier près d’une mechta où des voltigeurs avaient pu le transporter. Ils avaient réussi au passage à abattre les tireurs avec des grenades. Les chars et l’aviation terminèrent le bouclage en nettoyant complètement ce bois qui était un repère dangereux et bien armé.

Didier avait reçu une balle dans le front près de l’œil gauche, il respirait encore et ne semblait pas souffrir, il avait les yeux ouverts mais le regard vague. Dans un espoir fou de le tirer du danger, le commandant de la compagnie le fit transporter dans un hélicoptère. Il vivait encore en arrivant à l’hôpital mais ne put supporter une intervention chirurgicale.

Il a reçu à Nemours les honneurs militaires et a été inhumé dans sa tenue de combat, en même temps que deux autres enseignes de vaisseau de réserve et 13 marins tués le même jour. Il y eut aussi de nombreux blessés.

Toute la journée Didier avait été calme, souriant, remontant le moral des marins, partageant avec eux des cigarettes et leur casse-croûte.

A Nemours le L V commandant la compagnie, les larmes aux yeux, fit son éloge devant les hommes de la compagnie : il avait espéré faire avec lui du bon travail, comme ils l’avaient fait ensemble sur « l’Arromanches » il l’avait demandé au choix comme officier en 2èmecar il était pour lui un ami et qu’il avait apprécié son calme courage, son ardeur, son intelligence vive qui prévenait ses ordres avant même qu’il ait besoin de les lui commenter.

Didier a été décoré de la légion d’honneur et de la médaille de la valeur militaire avec palme. (Médaille créée spécialement pour les combattant en Algérie.

COURS DU BE

Lorient, école des fusiliers, session du 15 078 1968 au 15 11 1968 - Cours GARDAIR - Citation à l'ordre de l'armée de Mer à titre posthume avec attribution de la croix de la valeur militaire avec palme décernée à l'EV1 GARDAIR Didier Maxime Xavier. Jeune officier plein de courage et de dynamisme. A toujours été pour ses hommes un exemple vivant de foi et d'abnégation. Au cours de l'opération du 29 08 1956 dans la région du djebel Zakri a trouvé une mort glorieuse en s'élançant à la tête d'une équipe pour capturer des rebelles qui abandonnaient une position prise d'assaut par sa compagnie.

Le CF RICHARD commandant l'école des fusiliers marins.


Cérémonie religieuse à Saint Emilion le 06 09 1956

La providence nous a permis d’avoir de grandes consolations et du réconfort le 6 Septembre, jour où fut célébré à Saint-Emilion pour Didier, un service religieux très émouvant.

Une lettre du lieutenant de vaisseau Farges, commandant la 24ème compagnie du 2èmebataillon de la DBFM, dont Didier était l’officier en second ; une lettre du vétérinaire que Didier ramenait tous les soirs en Jeep à Nemours et qui prenait ses repas avec lui ; l’arrivée en permission à Bordeaux d’un jeune matelot fusilier, Jofroit qui avait passé aux côtés de Didier toute la journée du combat comme opérateur de radio portative, OC 300 recevant les renseignements et transmettant les ordres.

Ceci nous permit de commencer à avoir des détails sur cette affreuse nouvelle officielle reçue par télégramme à la mairie de Saint- Emilion : « Enseigne de vaisseau Didier Gardair tué en opération à Nédroma le 29 Août et inhumé à Nemours le 30. »

A la cérémonie de Saint- Emilion ont pu assister le CV Bourragué commandant la marine Bordeaux accompagné de plusieurs officiers, dont le médecin de marine qui était avec Didier sur « l’Arromanches », un ingénieur mécanicien qui était avec lui sur la « Jeanne d’Arc », le cher ami de Didier l’EV Jarry ( Loulou), Jean Verguin, le fistot Bonissent, le Maire de Saint- Emilion, le conseil municipal, les membres de la jurade, des sociétés mutualistes, des anciens combattants, ont participé à la cérémonie à laquelle assistait une grande foule émue, recueillie et priant avec ferveur en silence- Les chants liturgiques dirigés par M. le curé de Saint -Emilion furent très bien exécutés avec émotion et sentiment ; et les paroles prononcées par M. le curé nous ont réconfortés et nous ont permis de sortir de l’église en disant dans nos cœurs à Didier comme la mère de François d’Assise à son fils : » Je suis fier de toi ».

GARDAIR_Tombe_1

Ici repose Didier GARDAIR

Courrier qui m’est adressé en date du 19 11 2007 par une cousine de Didier Gardair :

Monsieur, voici la suite de ce que je vous ai envoyé au sujet de Didier Gardair.

En y réfléchissant, il me semble que finalement vous auriez aimé être à sa place au combat. Mais vous êtes en vie- Savourez ceci- et ne grattez pas là où ça fait mal. C’est l’histoire du passé, on ne peut pas y revenir pour le réécrire.

Didier GARDAIR, né à Toulon le 11 Juillet 1932, a fait ses études secondaires au lycée Montaigne à Bordeaux ; Il est reçu à l’école navale en Octobre 1952. Après la croisière sur la Jeanne, il est enseigne de vaisseau et embarque sur le porte-avions Arromanches. Il est ensuite désigné pour la DBFM à Nemours le 9 Juillet 1959 ; Il s’était marié le 3 Août 1955 et avait appareillé de Toulon je jour de la naissance de sa fille, le 22 Mai 1956. Il ne fit sa connaissance que fin Juin, 15 jours avant son départ pour l’Algérie. Après un mois à Nemours il fut demandé au choix comme officier en second de la 24ème compagnie du 2èmebataillon par le commandant, le LV Farges qui l’avait connu et apprécié sur l’Arromanches. Il fut inhumé avec les honneurs militaires à Nemours le 30 Août . La cérémonie religieuse eut lieu le 6 Septembre 1956 à Saint Emilion où il est inhumé.

Sa femme s’est remariée avec un charmant garçon que je n’ai vu qu’une seule fois. Je sais qu’il a élevé la fille de Didier avec ses autres enfants. Je n’ai pas de photo de Didier.

Merci monsieur de votre compte-rendu sur cette opération, j’avoue que je n’imagine pas la réalité des faits. Je comprends que votre honnêteté et les souvenirs de la guerre vous incitent à chercher la réalité des faits, cependant cela ne changera rien et ne fera pas revivre les morts.



2Mort pour la France A F N

Je n’ai pas ta photo, mais tu es dignement représenté par la statue du Fusilier Marin

1)GARDAIR Didier Marie Xavier, EV 1 3 /DBFM

 

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AMOURETTE Jean-Pierre , EV 2 ( R ), 2/ DBFM

 

 

       Fiche issue du relevé N° 2363, Le Havre 76, monument aux morts

Informations

Enseigne de vaisseau de la DBFM

Date du décès : 29 08 1956

Lieu du décès :Djébel Zakri, région de Nemours, Algérie

Référence :N° bp 01- 116125

Né le 08 03 1931 au Havre

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Né le 08 03 1931 Le Havre

Inhumé le 28 06 1957 au Havre, son père a fait poser sur sa tombe une Plaque :

Jean-Pierre AMOURETTE

  Enseigne de vaisseau

Tombé le 29 08 1956

Au djebel Zakri à 25 ans

 

Cours de B E

École des fusiliers marins, 194 ème session du 01 07 1979 au 01 11 1979 - Cours AMOURETTE - Citation à l'ordre de l'armée de Mer décernée à l'EV de réserve AMOURETTE Jean-Pierre de la DBFM. Jeune officier calme et courageux possédant au plus point le sens du devoir est tombé à la tête de sa section le 29 08 1956 au djebel Zakri alors qu'il pénétrait ....... ( illisible) , a donné à tous ... (Illisible). Cette citation donne droit à la croix de la valeurs militaire avec palme.

A fait ses études à l’école de la marine marchande du Havre, a navigué plusieurs années sur les bateaux de la compagnie des chargeurs réunis. Brevet de lieutenant au long cours en 1948, a navigué comme 2ème lieutenant, puis 1erlieutenant, il lui restait encore 3 ans pour pouvoir embarquer comme commandant.
Ses escales : Saïgon, Haïphong, Singapour, Djibouti, Port-Saïd, Casablanca, Dakar, Konakry, Sassandra, Abidjan, Douala, Libreville, Port Gentil, Pointe Noire.
- Service militaire : Brest – EAR poste II Tourville, puis aspirant sur l’escorteur Lancier à la Pêcherie en Tunisie et ensuite la DBFM.

 

5

    14 07 1956 avant le défilé à Alger, de G à D: FALQUE Robert, GUIADER,  AMOURETTE  Jean-Pierre, MONNIER.

   Sursis D'incorporation

 

 République Française

 Sous -Préfecture du Havre

Références à rappeler

AL/BP

2ÈME bureau affaires militaires

recensement de la classe 1951

 

 

  16 Mars 1951

 

Monsieur

J’ai l’honneur de vous informer qu’un sursis d’incorporation vous a été accordé par la commission
de révision de la Seine Inférieure en séance extraordinaire du 28 02 1951.
Ce sursis est valable jusqu’à l’ âge de 25 ans.
Si vous désirez en obtenir la résiliation avant cette époque, il conviendra d’adresser à M. le directeur du recrutement, caserne Vincent, une lettre dont la signature sera légalisée.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.

Le sous-Préfet,

 

Monsieur Amourette Jean

7 rue Toustain

Le Havre

 

 Pre            Premières impressions dans la royale :

 

 Lettre :

Brest Dimanche,

Chers tous,

Vous avez dû revoir Simon depuis que je suis parti et j’espère que vous avez fait un bon voyage depuis Paris jusqu’au Havre. Ici tout va bien ou à peu près.

Le voyage s’est à peu près bien passé, un peu long mais j’ai rencontré des camarades en route. Dès le premier jour nous avons pris possession des locaux, 25 par poste, hamacs pour dormir. Nous avons été habillés avec des effets trop grands ou trop petits. Les résultats pour le moins sont risibles. Nous avons deux maîtres par poste, ils sont bien . De plus nous avons un capitaine de Corvette qui donne des conférences. Interdiction de sortir pour le moment. Nous avons même travaillé aujourd’hui, ce matin, ce qu’il appelle infanterie. Déguisés avec guêtres et cartouchières, nous avons appris à marcher au pas…Nous mangeons à peu près bien. Tout à l’heure nous avons pu aller faire un peu de sport durant nos heures de libre. Ils n’ont pas l’air trop sévères ; Nous avons 4 mois de préparation, 3 semaines avec habillement de matelot ( pompon rouge) et 18 mois en tout à faire. Nous aurons une permission de 8 à 10 jours après les 4 mois, pas avant. A part cela je ne sais pas ce que je pourrai bien vous dire.

Mes affaires vont vous parvenir un de ces jours ; Je vous joins mon adresse :

P Amourette

EAR poste 11

à bord du croiseur Tourville

Brest Finistère

En espérant recevoir bientôt de vos nouvelles

Bons baisers à tous

Jean-Pierre 

Secte       Secteur de la défense maritime de Bizerte ( Tunisie) La Pêcherie

 

Lettre :

24 12 1955

 

Chers tous,

J’espère que vous avez passé de bonnes fêtes de Noël et que vous m’en donnerez quelques détails. Peut-être avez-vous eu Philippe et Hélène le Dimanche. Ici nous passons le Noël à la mer, au mouillage sans doute ; Il y a une toute petite fête avec remise de cadeaux aux officiers mariniers et à l’équipage avant de partir en patrouille, les fellaghas, parai-il voulant profiter de Noël pour introduire des armes en Tunisie. Nous aurons une plus grande fête au premier de l’an que nous espérons passer à la pêcherie. Nous sommes dans le Sud depuis 3 jours, hier nous étions réfugiés à Sousse à cause du mauvais temps, une petite ville où il n’y a pas grand- chose. La ville arabe y est gardée et l’on ne peut pas y pénétrer et à part cela il n’y a pas grand- chose d’intéressant. Nous sommes repartis hier soir de Sousse. Un commandant de la légion était venu nous inviter à passer Noël avec eux, malheureusement nous n’avons pu accepter. Il y a 5 jours nous étions à Bône pour la journée, je n’ai pas vu grand chose car je me suis surtout occupé d’avoir des cigarettes au prix bas pour le bord. Il y a des militaires armés à tous les coins de rue et l’on ne peut pas sortir de la ville sans risque, même dans la journée. Toutes les communications entre villes se font en convois sous escorte militaire, tout cela à cause de quelques bandits qui font la loi dans la montagne et que l’on laisse faire. On se contente de garder les villes et quelques routes.

J’ai bien reçu le colis de Marie. J’ai goûté aux bonbons et je les ai gardés pour ce soir certain qu’ils auront du succès à la fin du petit réveillon. J’ai eu également le beau porte-monnaie, trop beau même. Je ne sais pas qui je dois remercier, il n’y avait aucun petit mot. J’ai reçu une lettre d’Annette, elle passera sûrement de bonnes fêtes. J’espère que Simon passe de bonnes vacances avec Marie. Il doit y avoir des fêtes et de beaux programmes de cinéma pour le nouvel an. Est ce que la chimie lui plait, elle doit disséquer pas mal de bêtes aussi, je crois.

Je termine en vous embrassant tous et en vous souhaitant de bonnes fêtes et à Simon de bonnes vacances.

 Jean-Pierre 

Je voulais vous envoyer une procuration pour voter à ma place mais il me manquait certains renseignements. Nous venons de rentrer à Sfax où j’ai reçu la dernière lettre de Marie. J’ai bien reçu tout ce que vous m’aviez envoyé. Il s’agissait de mon pantalon bleu d’uniforme de la marchande ( en serge) et de mon 2èmepull- over gris clair. C’est pour mettre avec mon costume, le pantalon de mon costume commençant à être usé. Joignez-y si possible mon dictionnaire anglais-français à couverture rouge et bleue.

Merci

En espérant que vous avez passé de bonnes fêtes de Noël, bons baisers à tous.

6



Lettre

Mercredi 4 Janvier 1956,

Chers tous,

Je viens de recevoir la lettre de Simon. Je vois que vous avez tous passé de bonnes fêtes. Merci pour les photos. Philippe et Hélène ont l’air de bien se porter. J’espère que vous avez un meilleur temps qu’ici où il pleut depuis plusieurs jours ; Nous avons passé Noël d’une manière assez triste et calme. Le 24 nous étions au mouillage ; Dans l’après- midi le commandant a offert l’apéritif à tout le monde et la coopérative a offert ses cadeaux à l’équipage et aux officiers mariniers. Avant de partir à 20 heures en patrouille nous avons fait un petit repas avec langoustes (en boîte), poisson pêché le jour même et tranche de dinde (en boîte) avec truffes et pour terminer nous avons eu droit au champagne. Le lendemain nous sommes allés à Sfax où nous sommes restés deux jours ; J’y ai rencontré un camarade d’un chasseur et nous avons été faire un petit tour et déjeuner ensemble. Nous sommes rentrés à la Pêcherie le 30 dans la journée après avoir essuyé du mauvais temps, mais nous avons tout de même réussi à rentrer pour le 1erde l’an en faisant d’ailleurs plutôt sous-marin qu’escorteur ; Nous faisons 50 mètres de long et nous tenons très mal la mer. Le 31 Décembre il y avait un grand réveillon à bord pour l’équipage. Je suis allé pour ma part chez un camarade à Bizerte où j’ai passé la journée et la soirée du Samedi. En ville il n’y a rien de bien spécial à part une soirée au cercle interarmes mais on n’y était accepté qu’en uniforme ou tenue de soirée si bien qu’il y avait très peu de monde ; Les dix jours à terre passent en général assez vite. Le soir je suis invité à nouveau chez ce camarade. Vendredi chez un autre. Ce sont les patrouilles les plus longues, mais il faut bien que la marine ait l’impression de faire son devoir. En partant nous prenons toujours une bonne réserve de lecture. Pour le début de l’année nous avons eu droit aux bons vœux du Général Billotte et à « l’affection de l’armée ». Ce doit être une plaisanterie. Vous avez dû entendre le message à la radio, les familles avaient droit également à l’affection de l’armée. Ici nous n’avons aucun poste de TSF. En emballant bien le mien, vous pourriez peut-être m’envoyer le mien sans qu’il souffre trop du transport. Est ce que Marie a été à Paris ? Il devait y avoir de beaux étalages et de beaux programmes au théâtre à l’occasion des fêtes de Noël et du nouvel an.

Je termine en vous embrassant tous

Jean-pierre 

Merci pour le porte-monnaie.


Lettre
Sfax le 31 Mai 56 ( retour de permission)

Chers tous,

J’espère que vous allez tous bien depuis mon départ et que vous avez un peu moins chaud qu’ici où le temps est très lourd. Je suis arrivé hier soir après une traversée agréable par beau temps et en première classe. Il n’y avait pour ainsi dire que des militaires à bord et surtout des rappelés. J’ai passé un bon séjour à Paris. Je suis allé voir les ballets de l’Amérique latine et deux films : « Si tous les gars du monde » et « le mystère Picasso » qui, tous deux étaient très bien. A part cela j’ai vu deux expositions de peinture et j’ai mangé au restaurant chinois tout en me promenant sur ,les principaux boulevards. Il y a une foule d’anglais actuellement. Marie à-t-elle eu une réponse pour son nouvel emploi ? Ici peu de nouveau. J’ai déjà revu pas mal de monde hier soir. L’après- midi nous ne travaillons plus que de 15 à 17 heures en raison de la chaleur. Il y a une recrudescence de trafic d’armes et tout le monde est sur les dents dans le Sud près de la Tripolitaine. De même il y a pas mal de bâtiments en patrouille en ce moment et j’arrive bien en fin de mois pour faire tous les rapports du mois. Ce soir a lieu la dernière séance du ciné-club avec « rendez-vous de Juillet » et je compte y aller. Je ne vois plus grand- chose à vous dire, aussi je termine en vous embrassant tous.

Bons baisers

Jean-Pierre

 

Nouvelle       Nouvelle affectation : Arzew

 

 P.j.

 

La Pêcherie, le 25 Juin 1956

 Marine Nationale

Secteur de défense maritime

De Bizerte

Etat- Major

N° 278 EM.1/ Pers/ secteur 

 Ordre

Objet : Mouvement de personnel officier

Références : a) Message N° 8845 de Marine Paris du 19 06 1956

  b) Message N° 4870 de Prémar Tunisie du 23 06 1956

1. Les enseignes de vaisseau de 2èmeclasse de réserve AMOURETTE ( J P) et SALVATI ( E G)- Port matriculaire Toulon- embarqués respectivement sur les escorteurs côtiers LANCIER et DRAGON et désignés pour la DBFM ( C I O A – Arzew) par message de référence (a) débarqueront le 27 06 1956.

2. Ils seront destinés administrativement au C I O A Arzew pour compter du 27 06 1956 et rallieront leur nouvelle affectation à l’issue d’un stage d’instruction d’un mois à Siroco

Destinataires : EV 2 ® AMOURETTE (5), EV 2 ( R) SALVATI (5)

Copies : Prémar Tunisie (2)- Lancier- Dragon- Prémar IX (2) – CIOA Arzew (3) , dont un pour DBFM- C. Ad. Secteur – Solde Bizerte – Solde Toulon – Solde Oran – B M M Toulon – 4 ° DEC - Infirmerie B P – Bureau des passages – Archives (2) – Centre Siroco.

Ces officiers seront mis en route sur Alger par avion PREVATEER quittant Karouba le 27 06 1956.

Leurs livrets individuels seront adressés ultérieurement au C I A O Arzew.

PO. Le capitaine de Frégate BIGENWALD, chef d’Etat-Major

 

Nomination

République française

Ministère de la défense nationale

Et des forces armées

 Paris le 24 04 1956

 

Le secrétaire d’état aux forces armées

 (Marine)

 Direction

Du personnel militaire de la flotte

 

Bureau de l’état major de la flotte

Le secrétaire d’état aux forces armées ( Marine)

Informe Monsieur AMOURETTE Jean-Pierre 

Que par décret du 14 04 1956

Il a été nommé au grade d’Enseigne de Vaisseau de 2èmeclasse de réserve

Pour compter du 1erAvril 1956

Pour le secrétaire d’état aux forces armées (Marine)

Et par délégation

Le Vice-Amiral WILLAUME

Directeur du personnel de la flotte

 

Centre Siroco

 

Lettre 

Alger 01 07 1956

Cher tous,

J’espère que vous allez tous bien et que vous avez de bonnes nouvelles de Simon et Annette. Je suis auprès d’Alger au centre Siroco ( Fusiliers Marins) depuis Mercredi dernier. Je suis venu de Bizerte par un avion de la marine et j’ai retrouvé là 6 à 7 camarades qui venaient comme moi pour Arzew, une base de la marine auprès d’Oran. Nous suivons au préalable un petit cours au centre de Siroco ; Cela n’a rien de bien agréable à côté de Sfax, ici c’est la vie de caserne ; Heureusement il n’y avait plus de place pour nous loger et nous sommes à l’hôtel à deux kilomètres du centre juste au bord de la plage où nous sommes très bien. Je ne suis pas encore allé à Alger. J’irai sans doute Dimanche prochain. Marie se plait-elle bien à Rouen ? Quelle place à-t-elle prise finalement ?Je vous joins mon adresse et termine en vous embrassant tous

Jean-Pierre

Centre Siroco

Cap Matifou

Alger

Lettre
Cap Matifou le 20 Juillet

Cher tous,

J’ai reçu cette semaine la lettre de papa. Le courrier n’a pas l’air de marcher régulièrement. J’espère que vous allez tous bien ; Allez-vous quelque part durant les vacances ? J’espère que Bernard et Ginette ont passé de bons moments à Paris. Il doit y avoir des programmes intéressants actuellement. Ici il n’y a pas beaucoup de nouveau. Nous sommes toujours au centre pour instruction et entraînement. 1000 appelés viennent d’arriver et le travail ne manque pas. Nous avons eu droit au défilé le 14 Juillet en grande tenue blanche, fourragère rouge et sabre au côté, ces détails pour grand-père. Je vous joins enfin une photo, le sabre est manquant la photo étant prise à notre séjour à l’hôtel. Dimanche nous avons eu une prise d’armes à Cap Matifou avec défilé également, la semaine prochaine même chose à l’occasion de l’arrivée d’une statue représentant un fusilier marin et qui doit être mise en place. Nous n’en sortons pas et cela n’est pas très agréable. Nous sortons assez souvent avec l’école commando et c’est le plus intéressant, on escalade des falaises et l’on redescend en rappel, on fait des débarquements sur des plages avec des canots pneumatiques et un tas d’autres exercices, on se croit presque chez les boy-scouts. Nous avons campé l’autre jour sur une belle plage avant de renter le lendemain matin au centre en effectuant une marche de 12 kilomètres dans le sable, ce qui est très fatigant. A part cela peu de nouveau, la région est très calme à part un attentat de temps en temps sur des personnes isolées. On fait beaucoup de remue ménage pour pas grand- chose bien que certaines régions, telles que le constantinois soient assez peu tranquilles. Nous sommes toujours à l’hôtel, ce qui est très agréable surtout les Samedi et Dimanche où la plage est très animée. Nous ne savons pas encore où nous irons à la fin du mois, du côté d’Arzew sans doute (auprès d’Oran) une autre base de fusiliers marins où des appelés sont également attendus. Il arrive constamment des troupes à Alger et cela doit être pareil dans les ports.

En espérant recevoir bientôt de vos nouvelles

Bons baisers à tous.

 

 

 

 

 

 

7

Lettre

Béraoun le 5 Août,

Chers tous,

J’ai reçu il y a quelques jours la lettre que papa m’a envoyée d’Eygeaux, j’espère qu’avec maman il a fait un bon voyage. Il doit y avoir beaucoup de monde sur les routes dans ces périodes de vacances. Marie aura-t-elle un peu de congés cette année ? Depuis le début de cette semaine nous sommes arrivés près de Nemours à 6 Kms, je suis dans un petit village que l’on a fait évacuer pour pouvoir nous y installer. Nous ne sommes pas spécialement bien installés, mais c’est original. Nous sommes dans une maison en terre battue avec très peu d’eau à notre disposition et encore elle n’est pas bonne à boire . Il fait assez chaud pour le moment. Je suis tout de même le mieux de mes 5 camarades qui, eux sont beaucoup plus éloignés de Nemours que moi, ils sont installés en pleine nature dans des camps de tentes sans eau…Ici nous sommes une quinzaine d’officiers et pas mal de troupe et c’est assez agréable comme ambiance à côté de certains autres postes où ils ne sont que 4 officiers. Nous avons relevé des troupes de l’armée de terre qui ont assaini le pays puis nous ont laissé la charge de le pacifier. Nous avons pas mal de travail, on construit des postes, des routes, on répare les ponts, on réorganise la vie du pays, beaucoup de marchés arabes ayant cessé de fonctionner. On se promène dans les villages pour soigner les gens et leur faire reprendre confiance. C’est assez intéressant. Le coin est tranquille mais il n’est pas très gai, c’est très sec et les paysages sont plutôt lunaires. Nous faisons fréquemment des convois pour ravitailler les autres compagnies en vivres et eau. Ça commence à s’organiser bien que ce soit assez difficile faute de matériel. Hier je suis allé à Nemours, c’est un tout petit port où l’on ne trouve pas grand- chose, je viens de casser mes lunettes de soleil incassables. Si vous pouviez m’en envoyer une, c’est assez nécessaire dans la région. Le courrier mettra certainement une semaine à vous parvenir, sinon plus et le même temps pour venir. Les départs sont tout à fait irréguliers ; Vous excuserez l’écriture mais je n’ai pas de table, juste un lit et ce n’est pas très pratique pour écrire, nous faisons du vrai camping.

J’espère recevoir bientôt de vos nouvelles et vous embrasse tous.

Jean-Pierre 

EV Amourette

Demi -brigade de fusiliers marins

2ème bataillon, 25èmecompagnie

par Marseille - Navale

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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